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pub-penseur vertBLOGL'UNIVERS N'A PAS LA FORME

pour une Ontologie du sens

22 janvier 2015 4 22 /01 /janvier /2015 20:34
Psychologist tell us that, except for deseases, the conscience is One

Psychologist tell us that, except for deseases, the conscience is One

They also say that conscience cannot represent voïd, non-being. The universe of human conscience is complete by necessity

They also say that conscience cannot represent voïd, non-being. The universe of human conscience is complete by necessity

For obvious reasons of topology, these two properties of conscience make it represent itself inside an universes without boundaries.

For obvious reasons of topology, these two properties of conscience make it represent itself inside an universes without boundaries.

If the properties of conscience are a sufficient reason to represent ourselves in the middle of the universe, we should question our cosmological models.

If the properties of conscience are a sufficient reason to represent ourselves in the middle of the universe, we should question our cosmological models.

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6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 21:34

Dans une représentation de la réalité, le sens est aggloméré sous forme d'Unités porteuses de propriétés (les attributs)

Les lignes qui suivent illustrent ce que sont l'être sémantique (Unité de sens) et l'attribut sémantique pour l'ontologie du sens.

L'être sémantique

Deux marcheurs se rencontrent et synchronisent leurs montres. Qu'est-ce que la réalité a gagné de cette interaction ?

L'être sémantique

Si l'on observe chacun des marcheurs séparément (sans tenir compte de l'autre) on ne détecte aucune conséquence de la rencontre. Seul une observation des deux marcheurs comme un tout révèle la corrélation des montres. A quoi donc attribuer ce nouvel attribut ?

L'être sémantique

Pourtant cet attribut est bien réel puisqu'il pourra produire des effets bien réels tel que casser un pont.

L'être sémantique

Le sens commun, qui veut que toute la réalité soit dans le présent, se trouve pris dans une contradiction: Il ne sait pas donner réalité dans l'instant présent à cet attribut statistique, qui n'est localisé dans aucun des marcheurs mais entre tous (on ne sait où en fait ).

Soit la réalité de l'attribut n'est pas dans l'instant présent, soit l'instant présent n'est pas vraiment présent.

L'être sémantique

L'ontologie du sens propose une autre description:

L'attribut n'est pas une réalité mais du sens (un élément sémantique pour la représentation)

L'instant présent n'a pas de réalité. L'élément sémantique (l'attribut "les montres sont corrélées") n'a pas de réalité présente, sa réalité sémantique n'est autre que les rencontres qui se sont produites dans le "passé" causal des marcheurs et qui sont des éléments communs de ce "passé" causal.

Puisque c'est dans le passé causal des marcheurs que se trouve la réalité de l'attribut (la qualité) nous l'appelons l'espace des qualités (des propriétés, des attributs)

L'élément sémantique (l'attribut "les montres sont corrélées") n'existe que par ses conséquences (la rupture du pont). Nous appelons l'ensemble des conséquences l'espace d'existence

L'être sémantique

La réalité du lien de partage de sens entre deux marcheurs est dans leur histoire causale.

L'être sémantique

Ce partage de sens est le lien qui unit le groupe (qui fait qu'il aura, en tant que tel une conséquence, la rupture du pont). Sa réalité est donc dans l'histoire causale des marcheurs et il n'existera en tant que groupe que par sa conséquence.

Le groupe est un Être sémantique
En tant que groupe il n'est que du sens.
Non pas le sens que lui donne la pensée humaine mais le sens en tant que structure spécifique du champ de relations causales qui mène des synchronisations(multiples) à la rupture du pont (Une). (Voir l'article "qu'est-ce que le sens sans l'homme ? )

De la même façon on montrera que les synchronisations elles mêmes sont des éléments sémantiques dont la réalité est dans leur histoire causale.......

De la même façon on montrera que la rupture du pont n'a d'existence que par ses conséquences......

........ et ce dans une suite infinie de convergences et de divergences

Etre et champ

Le trajet des marcheurs entre les rencontres et la rupture du pont sont indéfinis, ils occupent tout l'espace qu'on voudra. Ainsi la présence du "groupe" en tant qu'être sémantique est diffuse à l'instant présent défini sur la figure 2 alors que ce "groupe" n'existera en tant que tel que par sa conséquence Une au lieu et instant de la rupture du pont.

Et les marcheurs ? et les montres ? et le reste ?

La biologie des marcheurs, leur parcours entre les rencontres et le pont, le mécanisme des montres ..... ne sont pas représentés dans cet exemple. Ils ne sont pas représentés parce qu'aucun point de vue ne permet de les représenter.
Ils sont affectés par les relations causales (synchronisation des montres) mais pas changés dans leur nature.
Pour autant ils sont indispensables à la relation causale qui va des rencontres à la rupture du pont.

Nous dirons que dans la situation décrite ils jouent le rôle de substance. Ce qui est présent mais n'est pas représenté (n'existe pas) pour le point de vue. Voir à ce sujet l'article "La substance, l'affection de la substance".

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4 janvier 2015 7 04 /01 /janvier /2015 19:10

Idée force : L’observation choisit un parmi plusieurs devenirs possibles de l’observateur.

Bref rappel du paradoxe du chat de Schrödinger :

Selon la théorie quantique, une particule peut avoir des états superposés : par ex. intègre et désintégrée à la fois.
La probabilité de mesurer l’un ou l’autre des deux états évolue en fonction du temps, selon une loi précise, mais tout se passe comme si les deux conditions coexistaient avant la mesure et que seule la mesure détruisait cette superposition.

Le chat de Schrödinger

Schrödinger conçut par la pensée un dispositif tel qu’un chat serait tué du fait de la désintégration de la particule, l’état du chat et de la particule étant dissimulés aux regards.

Tout se passerait alors comme si le chat lui-même était dans les deux états superposés « mort et vivant » tant qu’on n’aurait pas mesuré l’état de la particule (et constaté celui du chat).

Diverses interprétations ont été fournies à ce paradoxe, faisant intervenir l’effet de la mesure sur la réalité, l’effet de la conscience de l’observateur, des réalités multiples etc…
Bien que l’interprétation dite de Copenhague soit la plus généralement admise, il n’y a pas de consensus solide sur ce sujet.

Le dispositif de Schrödinger n’est pas fondamentalement différent de la trajectoire décrite au paragraphe précédent.

La mesure initiale X est macroscopique. Elle a pour sens (résultat) certain l’intégrité de la particule en X.
Ce qui aura ensuite pour l’observateur le sens conceptuel de « trajectoire d’état de la particule » {intègre, désintégrée}est le résultat conjecturé, à partir de la prémisse X, d’une mesure quantique Y qui serait effectuée en (s). On peut lui donner la forme d’un opérateur Y= T1 (X,s).

Dans le cas présent T1 est robuste car établi sur de nombreuses expériences. Malgré tout, la mesure Y en (s) étant quantique, son résultat sera aléatoire, c'est-à-dire un parmi les Yi possibles.
L’opérateur T1 (X,s) établit donc une distribution des résultats Yi possibles en (s).

Le dispositif de Schrödinger se représente par un opérateur T2 qui établit le sens certain d’une expérience Z (vie et mort du chat) à partir de la prémisse Y tel que Z=T2(Y)=Y.

Ayant donc le sens certain X de la présence initiale de la particule intègre, je puis conceptualiser une trajectoire d’état sous forme d’une conjecture Yi= T1.X sur le sens que prendrait la mesure quantique Y de l’état de la particule. Je puis transposer cette conjecture sur Y en une conjecture Zi = T2.T1.X sur l’état du chat, qui peut s’écrire Zi= T1.X puisque T2=1.

Le chat de Schrödinger

La conjecture Yi sera actualisée par l’état mesuré Y (particule désintégrée ou pas) et permettra d’actualiser la conjecture sur Z=T2.Y (chat mort ou vivant).

A la question « Que se passe t’il en réalité entre les mesures X et Y ?» la réponse doit être très claire : en réalité il ne se passe rien.
Les expériences sont des points de vue sur une même réalité informelle, qui n’est soumise ni au temps ni à l’espace.

Le paragraphe « Le changement dans la représentation » nous a déjà montré comment les points de vue successifs voyaient des formes différentes dans une réalité immuable.

Il existe des points de vue Y pour lesquels la particule paraitra intègre, des points de vue Y pour lesquels la particule paraitra désintégrée, des points de vue pour lesquels le sens de cette même réalité ne peut être prédit.

L’opérateur T1 de notre exemple ne décrit pas l’évolution d’une réalité, mais la probabilité de sens de sa représentation par les points de vue pouvant possiblement « succéder » logiquement à X. La seule incertitude, dans la situation imaginée par Schrödinger, est donc sur le sens que prendra la mesure Y considérée comme un nouveau point de vue.

Contrairement donc à l’interprétation d’Everett, le constat fait par l’observateur au cours de l’expérience Z n’a pas pour effet de sélectionner un devenir de la particule (et du chat) parmi plusieurs devenirs, mais d’orienter le devenir de l’observateur lui-même.

Le dispositif de Schrödinger fusionne l’un des points de vue quantiques Y avec le point de vue macroscopique Z de l’observateur et « oriente » donc le point de vue de l’observateur, vers un devenir et un seul où le chat est soit mort soit vivant.

On comprend ce que cette succession a de cumulatif et donc d’irréversible. Sauf à revenir aux conditions exactes de l’expérience X, cette séquence est irréversible.

Une remarque s’impose en conclusion :
Lorsqu’en 1935 E. Schrödinger pose comme un paradoxe de la théorie quantique que le chat puisse être simultanément vivant et mort, il souligne avant tout une dé-cohésion entre théorie quantique et relativité.
En effet, dès 1905 A. Einstein disait : « En abandonnant l’hypothèse du temps absolu et en particulier le caractère absolu de la simultanéité, l’aspect quadridimensionnel de l’espace-temps s’impose immédiatement. … Le fait que le continuum quadridimensionnel ne peut pas être objectivement séparé…entraîne comme conséquence que les lois de la nature ne peuvent prendre une expression logiquement satisfaisante que si elles sont formulées dans le continuum spatio-temporel »
Cette physique là, par essence, décrit une réalité immuable qui intègre toute la vie et toute la mort de la particule et du chat de Schrödinger. La notre et celle de l’univers aussi.
Il s’agit de comprendre comment, depuis cette réalité immuable, nous représentons « un présent unique qui devient autre ».
Le concept de réalité proposé par l’OdS tente de prendre en compte, de façon cohérente, les inévitables conséquences ontologiques de la relativité.
Bien que ce ne soit pas l’objet de ce livre, il est évident que ce modèle de réalité nécessite de profonds développements philosophiques.

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18 décembre 2014 4 18 /12 /décembre /2014 15:38
La substance, l’affection de la substance

Idée force : La substance, c’est la réalité non-représentée

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Introduction

Nombreuses sont les ontologies qui, d’une façon ou d’une autre, font appel à l’idée d’une substance : La substance-Dieu de Spinoza, les Monades de Leibniz, le « quel que soit alpha (existant) » de la théorie des ensembles décrite par A. Badiou, le « champ de bataille » de G Deleuze. Les sciences physiques elles mêmes, lorsqu’on cède à la tentation d’y voir une ontologie.
Chacune donne sa définition de sa substance
Chacune décrit le réel dans une certaine relation à cette substance.

Trop de grands esprits pour négliger l’idée, trop de différences pour ne pas y voir une question.
La substance résulte t'elle d'un besoin-de-Dieu en tant qu’affect de la conscience humaine ?
Est elle un mode incontournable du processus même de penser l’existant ?
Ou bien faut t’il vraiment considérer une substance comme réalité ?

L’OdS ne fait pas l’économie de cette question.

Les 3 exemples qui suivent illustrent comment l' OdS conçoit la substance.

Qu’on me permette tout d'abord, sans me justifier, de ne pas identifier la substance à Dieu ou quoi que ce soit de divin. Sans rien nier pour autant. Le Dieu-substance de Spinoza ne me dit de toute façon pas grand-chose.

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Exemple 1 : Le gaz

Situation: « Un son parcourt un gaz. Un microphone perçoit le son»

Voyons si l’on y trouve de la substance :
Les molécules du gaz ne sont ni la matière première, ni la cause première du son qui parcourt le gaz.
Les molécules de gaz sont affectées par le son, elles y contribuent sans changement, sans altération de leur essence propre.
Sans le gaz pas de son.
L’attribut des molécules qui est affecté est leur vitesse, mais puisque la vitesse absolue n’a pas de sens, ce sont les vitesses relatives qui sont affectées : La distribution statistiquement homogène des vitesses relatives est affectée.

Ce simple constat montre que, dans son essence, le son ne modifie pas en réalité une qualité des molécules mais affecte de façon inégale un attribut statistique du gaz en tant que multiplicité. Il y a un peu plus de sens dans le Tout que dans la somme des Un.

On notera que, sans le son qui le parcourt, les vitesses relatives des molécules du gaz qui en présentent l’attribut « pression statique » ne sont elles-mêmes qu’une affection. Elles résultent en réalité d’une suite de chocs entre molécules qui ont homogénéisé les vitesses relatives sans pour autant altérer l’essence du gaz.
L’homogénéité des vitesses sans le son n’apparait pas comme un attribut car il n’y a pas de « point de vue » qui permette de

représenter cet attribut (pas de capteur de pression statique absolue). Rien qui en fasse advenir une conséquence.

Nous pouvons donc dire que le gaz n’est pas représenté.

Le gaz, dont nous savons qu’il est, qu’il est matière, qu’il est multiple, que sa multiplicité même est dotée d’attributs (pression…) ainsi que ses êtres-constituants (molécules de gaz..) n’est pas représenté au « point de vue » qu’est le microphone.
Il est substance dans la situation donnée.

Notre « point de vue » serait-il un capteur de pression absolue que le gaz serait représenté par son attribut « pression » (relative au vide cependant).

Premier constat donc : la notion de substance est relative au « point de vue ». L’idée de substance paisible n’est pas si paisible en réalité. Elle exprime avant tout la myopie du « point de vue » quant à ce qui la tourmente.

Revenons maintenant au son qui parcourt le gaz.
Il affecte la distribution des vitesses de façon imparfaite. Cette affection imparfaite est le mode par lequel apparaît l’attribut qui est l’essence de « l’être-son » et par lequel il pourra être représenté en tant qu’Être par le micro, qui tient lieu de « l’entendement » spinozien (pardon du jeu de mot).

Ainsi une affection de même nature (perturbation des vitesses relatives propagée par interactions de molécule à molécule) est représentée comme être ou comme substance selon le point de vue.

La séparation de l’être et de la substance serait une question de « point de vue » et non de nature. La notion même de substance serait relative à une situation donnée.

Se pourrait-il que la substance soit simplement « la réalité qui n’est pas représentée » ? Que l’on pourrait aussi nommer le non-existant, qui ne serait pas le néant.

La substance pourrait-elle être considérée comme le « résidu » de l’attribution du sens, ce qu’il reste quand le Logos a distingué tout ce qu’il pouvait dans le réel ?

A cela deux corolaires :

- Selon le « point de vue », l’être (à la fois étant et attributs) pourrait apparaître en tant que tel ou disparaître dans la substance. Ce serait le cas par exemple d’un être quantique en tant qu’affection du vide.
- La substance n’étant qu’une question de « point de vue » n’est pas nécessairement le point d’arrêt de la chaine causale, elle n’est pas nécessairement constituée d’atomes de réalité, de Monades telles que conçues par Leibniz. La dispersion du champ causal est possiblement sans fin. La multiplicité infiniment multiple.
En résumé.
- La substance n’est ni la matière première, ni la cause première des êtres
- L’attribut ne constitue pas l’essence de la substance mais l’essence des êtres.
- Les attributs des êtres sont des affections de la substance.
- L’attribut est ce que l’entendement (le point de vue) perçoit.
- Ce sont les êtres qui sont reconnus par l’entendement.

- L’entendement peut se généraliser en tant que sous ensemble de la réalité, « conséquence ultime » qu’on désigne alors par le terme de « point de vue »
- La substance est présente mais n’est pas représentée par le « point de vue », elle n’y a pas de conséquence en tant que telle.
- N’étant pas représentée, la substance n’existe pas pour le point de vue.
- Pour le « point de vue » c’est le non-existant.

Deux raisons peuvent expliquer que la substance en tant que telle ne soit pas représentée :
- Ses composants sémantiques sont des boucles de partage de sens « absolument » fermées sur elles mêmes, et que donc aucun lien de partage de sens ne relie au « point de vue » ou tout au moins n’a de conséquences sur lui. Ce serait une sorte de trou noir absolu.
- Ses composants sémantiques ne peuvent être différenciés, le transport du sens jusqu’au « point de vue » n’y fait apparaître aucune anomalie, aucun attribut. Ce serait le non-existant qui sépare l’existant.

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Exemple 2: Le fleuve ou la substance de l’entendement

Situation: Depuis un pont nous trempons un bâton dans un fleuve.

Aussitôt apparaît vers l’aval un tourbillon, conséquence de la perturbation apportée dans le courant par le bâton.
Ce tourbillon est l’image du bâton telle qu’elle apparaît dans le fleuve.
La perturbation du bâton n’est pas la condition suffisante à cette image.

Il lui faut aussi le courant du fleuve, courant suffisamment puissant pour que la pointe du bâton y crée cet attracteur causal qu’est le tourbillon.
L’eau du fleuve n’est ni la matière (l’eau passe alors que le tourbillon demeure) ni la cause essentielle de l’image (qui dira que le tourbillon est l’image de l’eau ?).
Le courant lui-même, en tant que vitesse également répartie de l’eau, n’est ni la matière ni la cause essentielle de l’image.
Comme nous l’avons montré avec la situation 1 le courant est une affection non représentée de l’eau.
Le courant est lui-même affecté par la perturbation du bâton. Il n’en est pas altéré dans son essence.
L’eau animée du courant, est la substance sur laquelle nait l’image du bâton. Substance qui n’est pas représentée et qui est pourtant une condition indispensable à la représentation.
L’image du bâton comme preuve du fleuve ! L’image de l’être comme preuve de la pensée !

Cet exemple est aussi une belle métaphore de la substance de la pensée et de ce qui fait l’essence de la représentation.
La pensée est ce fleuve causal si intense que la moindre perturbation y provoque le développement d’un tourbillon.
Il est notable que la forme, l’extension et la durée du tourbillon

sont bien plus dépendantes des attributs de la substance fleuve et des propriétés mathématiques des chaos que du bâton lui-même.

Il est notable aussi que ce fleuve causal, qui est la réalité de la représentation tout autant que le bâton, n’est pour la représentation que substance c'est-à-dire non-existant (n’apparaît pas).

Ainsi, l’image que nous avons des choses, dont la forme est pour l’essentiel une propriété de la pensée, nous paraît être la forme des choses. Nous effaçons de notre représentation la pensée-processus qui en est pourtant la substance.

En résumé :
- Le « point de vue » a aussi une substance
- La substance du point de vue n’est pas représentée
- La représentation est une affection de la substance du point de vue
- Les propriétés de la substance déterminent la forme de la représentation.
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Exemple 3 : Le télescope

Situation « Une étoile lointaine est photographiée au moyen d’un télescope »

On pense naturellement que l’image obtenue résulte de l’impact des photons provenant de l’étoile sur les cellules du télescope. Cela nous semble être la relation causale de l’étoile à son image.

Bien entendu la cellule et le télescope jouent un rôle dans la causalité qui détermine cette image. Mais il semblerait dérisoire de dire que l’image est la représentation du télescope.

Est-il par contre raisonnable d’effacer du sens de cette image toute la causalité partagée entre l’étoile et la cellule, qui a pour conséquence qu’elles sont dans un même univers doté des mêmes lois et qui au bout du compte rend possible la représentation ?

Si l’on prend la distance comme exemple, la question pouvait paraître inutile jusqu’à ce qu’on découvre vers 1905, qu’il existe un repère dans lequel cette distance est nulle et que ce repère est justement celui du photon.
Ce qui signifie que cette causalité partagée est la seule réalité de la position relative de l’étoile et de la cellule. Elle est pour l’observateur, la réalité du temps et de la distance qui séparent l’étoile de la cellule.
Cette causalité partagée, n’est pas représentée en tant qu’être. Elle sera malgré tout représentée comme l’espace qui sépare l’être de son « point de vue ».

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Exemple 4 : le montagnard et le vautour

Situation : « Je me tiens debout au sommet d'une montagne. L'air est pur et calme. »

Je puis admirer les sommets alentour à travers cette substance qui, dans mon point de vue de l’instant, n’est pas représentée, qui n'existe pas.

A quelques mètres de moi plane un vautour dont les yeux savent voir le léger écart de polarisation que les ascendances thermiques provoquent dans l'air. Pour lui, qui se soucie peu de la beauté des lieux, seul compte la nécessité du vol. Pour son point de vue, l'air existe en tant que tel, il est l’objet de sa représentation immédiate. Il n'est plus substance mais matière existante.

Nous voyons bien par cet exemple, à quel point la notion de substance, dans la définition particulière que lui donne l’OdS, est relative au point de vue.

Nous voyons que l’existence formelle d’une même réalité est relative au point de vue.

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En résumé :
- La représentation n’est pas uniquement déterminée par la relation causale de l’être représenté au « point de vue » mais aussi par la causalité partagée entre la substance de l’être et la substance du « point de vue ».
- Cette causalité partagée via la substance est représentée comme l’espace qui sépare l’être du « point de vue ».
- Il n’y a pas de différence de nature entre ces deux parcours de causalités

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De tout ceci il faut aussi conclure que la notion de substance n’est qu’une facilité de représentation. Que la substance, en tant que réalité n’est pas nécessaire à l’ontologie du sens.

Echanges suite à l'article

Frederic Il me semble que dans tes exemples tu n'établis pas précisément la distinction entre le phénomène et ses représentations.

De plus, la causalité n'est pas un ordre du phénomène mais une modalité de la logique ....

Jean-Louis Parce que la représentation est (dans ces exemples) le mode d'existence des phénomènes. Que ce soient la pression statique, le son, le courant etc... s'il n'ont pas d'effet, ils n'existent pas. Ils sont substance: l'étant non existant. L'air immobile, incolore et inodore est substance, il n'est pas représenté.
Pour moi la logique est réalité, la vraie nature du phénomène est logique. http://jlboucon-philo.over-blog.com/.../la-logique-est...

Frederic Oui mais parce que tu poses au départ que ce qui est : est ce qui fait sens .... mais que tu t’abstiens de statuer sur le fait qu'il existe un "en-soi" au-delà du sujet qui pense.

Jean-Louis Non non, la logique n'est pas ce qui fait sens, lis mon article ci dessus. La logique est qu'il existe entre les phénomènes des relations logiques. Je postule qu'il y a une réalité, un "en-soi" comme tu le nommes, autre que le "moi qui pense". Par contre je différencie "être réel" et "exister". Exister, c'est avoir des conséquences.

Frederic Mais fais-tu une différence et comment la nommes tu entre la molécule qui est observable et donc de l'ordre du phénomène (commun à tous) et l'atome qui n'est, in fine, qu'une théorie (pour ne plus être observable et le constituant d'une logique d'interprétation du phénomène)

Non il n'y a pas de logique entre les phénomènes, il y a des invariants que l'on a statuer comme étant la cause et l'effet.

Jean-Louis Pour moi, la molécule ou même un immeuble, en tant que forme, sont des théories, des interprétations de sensations. Ce n'est pas parce qu'une théorie est 100% efficace qu'elle est réalité. L'immeuble est fait de molécules, en tant que tel il est donc une théorie.

"il n'y a pas de logique entre les phénomènes" penses-tu que la probabilité de résultat pile ou face d'un lancer de pièce résulte d'une interprétation ou qu'effectivement, que je l'observe ou pas, une pièce tombera sur une de ses deux faces ?

Frederic Si je lance la pièce elle tombe : ce n'est pas une logique c'est un invariant ... de cet invariant le moi qui pense en construit la logique de la cause et de l'effet.

Jean-Louis Je crois que nous avons surtout une différence de vocabulaire. J'attribue le mot relation logique à ce qui lie le fait de lancer la pièce au fait qu'elle tombe, indépendamment de toute observation. J'attribue le mot invariant au constat, par des observateurs, sous une forme dicible, de la vérité de cette relation logique. Dans le cas de la pièce ce sera une probabilité de 50%

Encore une fois, il n'y a rien d'humain dans la logique. La logique est une réalité qui nous transcende.

Frederic J'appelle invariant le fait que la pièce tombe et logique le calcul des 50% .... et "transcendance" le fait que la répartition des tirage aboutira à une loi Normale .... comme si les tirages n'étaient pas indépendants (?).

Jean-Louis Voila qui explique nos incompréhensions.

Frederic Il y a d'abord le "phénomène" son perçu dans le sensation auditive, le micro "capte" une variation de pression transmis dans la substance gaz.

La substance gaz n'a pas besoin du son pour se "justifier", elle est phénomène en elle même....

" La substance n’étant qu’une question de « point de vue » n’est pas nécessairement le point d’arrêt de la chaine causale,"
Si elle est le point final de la chaine des causes en tant que phénomène, la poursuite de la causalité ne se formule que dans la conception (représentation logique de ce qui se manifeste).

Jean-Louis Faute de capteur adapté, la substance gaz est peut être réelle mais elle n'existe pas pour le point de vue. De même pour le son, il n'existe que par le micro. Sa réalité en tant que phénomène est une supposition. S'il provoque une sensation auditive, alors il existe pour celui qui l'entend. C'est en celà que la notion de substance est relative au point de vue.

"la poursuite de la causalité ne se formule que dans la conception" Oui tout à fait

Frederic Tu prends 3 exemples qui sont conçu comme des ondes ...

Les ondes ne sont pas des phénomènes, ce sont des représentations de phénomènes - sensation auditives, forme du tourbillon, lumière (et non photon) capté par le téléscope.
L'onde est une conception causale de phénomène ....

Jean-Louis Oui, car le but de l'article est de faire ressortir la différence entre ce qui est représenté, ce qui existe pour un point de vue donné, et ce qui est réel mais non représenté et qui n'existe pas pour le point de vue, la substance.

J'aurais un autre exemple: je me tiens debout au sommet d'une montagne, l'air est pur et calme, je puis admirer les sommets voisins à travers cette substance (l'air) qui dans mon point de vue n'existe pas. A quelques mêtres de moi plane un vautour, dont les yeux savent voir le léger écart de polarisation que provoquent dans l'air les ascendances thermiques. Pour lui, pour son point de vue, l'air existe en tant que tel. Il n'est plus substance mais phénomène.

Frederic Tu gardes pour exemple la substance la plus subtile dont on a l'expérience uniquement quand elle manque ...

Mais je pense qu'on utilise pas le mot de la même manière.
Un phénomène et la substance en est un s'apprécie uniquement par les 5 sens.

Jean-Louis Oui, la définition que je donne à la substance est très spécifique et c'est pourquoi j'ai écrit cet article.

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16 décembre 2014 2 16 /12 /décembre /2014 15:29

Prenons l'exemple de deux événements qui, observés dans notre univers d'espace-temps, appartiendraient à des d'événements très éloignés l'un de l'autre mais qui seraient liés «en vérité» par un lien direct de causalité:
l'un étant l'événement E1: «émission d'un photon au temps T à la surface du soleil» l'autre étant E2: « réception de ce photon au temps T + 8 mn. à la surface de la terre ».

 

fig 1 soleil terre

Dans un modèle d'univers newtonien, la subdivision de l'événement « statut du soleil au temps T» conduit bien à E1, la subdivision de l'événement «statut de la terre au temps T + 8 mn.» conduit bien à E2, mais la distinction entre E1 et E2 semble irréductible dans un repère global incluant le soleil et la terre.
Dans la description reprenant l’ontologie du sens, la subdivision de l’élément sémantique « statut de la terre au temps T + 8 mn. », en se focalisant sur E2, nous montrerait finalement un Etre E2 indistinct de E1 car lié à E1 par un lien de partage total de sens et ne transmettant à l'observateur que des éléments de signification de E1. 

Ainsi, lorsque j’observe le soleil, l’impact du photon sur ma rétine prend le sens de l’émission du photon à la surface du soleil. Je ne vois pas ma rétine, je vois le soleil. Sur le plan sémantique E2 appartient à E1.

fig 2 soleil terre

 

Le lecteur aura certainement établi le lien entre cette interprétation du lien sémantique « si E2 est totalement lié à E1, E2 « appartient » à E1» et l'application de la relativité restreinte: dans un repère uniquement associé au photon, l'événement absorption du photon est compris dans l'événement «émission» (dx=0, dt=dx/c=0)

Ce point est développé dans l'article "Questions de coïncidence" (voir l'article)

-
La question de la dualité onde corpuscule du photon est ici sans objet car le raisonnement reste vrai même si on ne considère qu'un photon théorique représenté par un trajet rectiligne à la vitesse c.

Interprétée par l'ontologie du sens la différence entre les deux mesures de distance provient de ce que dans le cas 1 c'est tout le partage de sens entre la terre et le soleil, c'est à dire toute leur histoire causale commune qui représente la distance, alors que dans le cas 2 c'est uniquement le partage de sens entre l'émission et la réception, c'est à dire un lien total de partage de sens.   

 

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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 11:22

Pour comprendre en quoi les lois de l’observation «donnent forme» à la réalité observée imaginons un jeu dont l’événement de base serait le lancé d’une pièce et dont la règle serait la suivante:

1 Pour gagner un jeu il faut qu’au moins la moitié des N lancés donne “face”.
Avec une telle règle, on voit de suite que vis à vis du résultat du jeu, l’ensemble des lancés n’a aucune structure puisque chacun a le même poids dans le résultat du jeu et l’ordre dans lequel on les considère n’a aucune importance.

2 Pour compliquer un peu ce jeu, créons la notion de set, ensemble de m jeux. La règle étant que pour gagner le set il faut que la moitié au moins des m jeux soient gagnés. Pour compléter cette règle il faut bien entendu indiquer quels lancés déterminent quels jeux.
Bien que vis à vis du résultat d’un jeu l’ensemble des lancés qui le déterminent n’est toujours pas structuré en ce sens que chaque lancé a le même poids dans le résultat d’un jeu, on constate que vis à vis du résultat du set, l’espace des N lancés qui le déterminent présente une certaine structure puisque le poids de chaque lancé dans le résultat du set est différent ( En effet un lancé déterminant un « petit » jeu a plus de poids dans
le résultat du set qu’un lancé déterminant un « gros» jeu ).

3 Compliquons encore une fois notre jeu en imaginant N sets déterminés selon les principes du jeu 2, à partir d’un même ensemble de N lancés mais selon des lois de distribution différentes, de telle façon que les jeux déterminants chacun des sets soient eux-mêmes différents.

On peut considérer que le résultat de ces N sets constitue une observation de l’ensemble des lancés, il y a en effet autant de sets que de lancés qui sont d’une même nature binaire: tout ou rien, pile ou face, gagné ou perdu. Cette observation possède néanmoins par rapport à l’ensemble des lancés une propriété supplémentaire: il s’agit de la structure que lui confèrent les lois de détermination des jeux par les lancés puis des sets par les jeux. Il est important de remarquer que l’ensemble des lancés que nous avons choisi n’a pas de structure à priori, la structure reproduite dans l’observation réside uniquement dans les lois de détermination.

On voit dans cet exemple que la cause formelle, l'essence de l'Etre tel qu'il est observé est la structure des lois de détermination qui mènent à l'observateur et non la forme de l'être observé lui même dans sa «réalité» (les lancés). On peut dire que la structure des lois de détermination menant à l'observation s'est matérialisée, formalisée dans l'observation.

Une autre observation de cet ensemble de lancés faite au travers d’une autre structure de déterminations de N autres sets (une autre règle du jeu) donnerait une observation différente.

Cet exemple montre que les lois qui régissent le cheminement depuis la réalité observée jusqu’à l’observateur peuvent transformer la structure observée.

 

Lorsque ce cheminement constitue un chaos causal, ces lois sont les «solutions propres» ou «attracteurs» de ce chaos

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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 21:14

Ce texte montre comment le Logos en tant qu’opérateur impose ses propres constantes au sens du réel.

Ce texte est suscité par l’émission d’E. Klein avec A. Barrau sur le thème des univers multiples mais adresse spécifiquement la question des constantes.

Ce texte s’appuie sur le contenu de mon livre « L’Univers n’a pas la forme »

 Rappel :

Protagoras disait « de toutes choses l’homme est la mesure »  (1)

Les bases

Il y a une réalité.

Cette réalité est informelle

On peut concevoir un opérateur depuis la réalité vers chacune de ses parties

Cet opérateur est le Logos ou principe de création du sens.

Chaque partie est un « point de vue » qui partage du sens avec la réalité

 

Le Logos se définit à partir d’un élément ontologique « premier » : le lien de partage de sens et  d’une forme  l’élément sémantique (2)

Chaque fois que les liens de partage de sens forment une structure statistiquement bouclée, le Logos l’agglomère (3) en un élément sémantique « composé ».
Ce processus statistique  s’apparente à la naissance d’attracteurs dans un chaos causal.

On peut dire que les liens de partage qui relient la réalité au point de vue s’auto-organisent en une structure arborescente d’éléments sémantiques.

Il n’y a rien de subjectif dans le Logos.

Le Logos super-impose ses propres lois et constantes (mathématiques) au sens que prendra la réalité. Ce sont les lois statistiques qui règlent l’agglomération du sens.

 

Ainsi, les « formes, lois et constantes » qui nous apparaissent ne sont pas uniquement dues à des « formes, lois et constantes » de la réalité elle-même (si tant est qu’elle en a !) mais aussi aux lois et constantes mathématiques du Logos.
Cette remarque s’applique aussi bien à la forme « matière » du réel qu’à la forme « pensée ».
 

 

(1) Développé par Platon dans le Théétète

(2) L’élément sémantique est une structure particulière dite « bouclée » du partage.

(3) Cette agglomération est purement sémantique. Rien de physique. 

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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 16:23

 

Ce texte montre comment le Logos opérateur conduit à une définition du tout.
Ce texte est suscité par les thèses de Markus Gabriel
Ce texte s’appuie sur le contenu de mon livre « L’Univers n’a pas la forme »

 

Les bases

Il y a une réalité.
Cette réalité est informelle
On peut concevoir une affection (1) de cette réalité qui se crée elle-même (2).
Cette affection est un opérateur depuis la réalité vers toutes ses parties
Cette affection est le Logos ou principe créateur du sens.

Le Logos se définit à partir d’un élément ontologique « premier » : le lien de partage de sens et  d’une forme  l’élément sémantique (3)
On dira : « un lien de partage de sens associe deux éléments sémantiques qui ont du sens en commun »


J’existe en pensée (cf. le Cogito)
Ce moi qui pense est un élément sémantique qui partage du sens avec la réalité
Le moi qui pense est un « point de vue » sur la réalité
Le foisonnement des liens de partage de sens est tel que la réalité me serait inintelligible (indicible) sans l’opération du Logos
Chaque fois que les liens de partage de sens forment une structure statistiquement bouclée, le Logos l’agglomère (4) en un élément sémantique « composé », réduisant le foisonnement.

On montre que ce processus d’agglomération du sens a pour asymptote un élément sémantique Un (qu’on pourra nommer le Tout) qui se détermine lui-même selon un lien de partage de sens monodimensionnel (qu’on pourra nommer son Existence)

Le Tout est une asymptote car, au fur et à mesure que le foisonnement diminue, la probabilité d’une structure en « boucle » du partage de sens tend vers zéro.

C’est pourquoi le sens du Tout reste composé d’êtres sémantiques (les objets) qui m’apparaissent en tant que tels.

 

 (1) Voir la définition de l’affection par Spinoza dans l’Ethique, partie première, I à VI.

(2) Qui contient et justifie tous ses modes.

(3) L’élément sémantique est une structure particulière dite « bouclée » du partage de sens entre éléments sémantiques « composants »

(4) Cette agglomération est purement sémantique. Rien de physique. 

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28 novembre 2014 5 28 /11 /novembre /2014 21:59

Abstract :

« Sommes-nous le résultat présent de notre histoire causale ou bien sommes-nous, en réalité, cette histoire causale elle-même ? »

Pour le sens commun, tout au moins en occident, la réalité est entièrement comprise dans l’instant présent. Cette réalité présente étant la conséquence de causes passées qui ne sont donc plus et la cause possible ou déterministe de conséquences qui ne sont pas encore.

En particulier, « être » c’est  être dans un instant présent sans épaisseur temporelle : le Moi d’il y a une seconde n’existe plus.

Dans les lignes  qui suivent, nous montrerons que cette vérité s’attache à notre représentation du réel et non à la réalité elle-même.

Nous montrerons qu’une autre représentation de la réalité est possible, bien plus satisfaisante pour le philosophe comme pour le scientifique.

Nous montrerons à quel point ce nouveau modèle de réalité élargit et bouleverse notre représentation du Moi, aussi bien le Moi physique que le Moi qui pense; celui du Cogito.

 

Développement 

Khaos, Kosmos, Logos

Notre représentation de l'univers est basée sur la conviction qu'à tout instant existe une réalité de l'univers: "maintenant et partout" en perpétuel devenir, poussée par le flux inexorable du temps.

Nous sommes aujourd'hui encore convaincus que cette vérité préexiste, dans cette forme, à la représentation que nous en faisons, que la terre tournait autour du soleil avant que l'Homme n'apparaisse pour décrire ce mouvement.

Nous sommes convaincus que notre conscience en observant l'univers ne fait que comprendre et nommer cette réalité qui existe "en vérité".

Cette conviction est aussi solidement ancrée dans le « sens commun » occidental qu’elle est peu justifiée par la raison.

Rappelons tout d'abord que " l'observation précède le sens".

Cette remarque d'apparence triviale est pourtant d'une portée extrêmement générale. On pourrait aussi la désigner comme principe de la relativité du sens.

Son expression nous rappelle que, s'il existe une réalité absolue de l'univers, qui serait sensiblement la même si nous n'étions pas là à l'observer, rien de ce qui désigne ou qualifie cette réalité ne préexiste à l'observation qui en est faîte et n'a de validité en dehors de la relation de l'observateur à son univers.

La célèbre phrase de Protagoras « De toute chose l’homme est la mesure » ne dit pas autre chose, comme l’explique Platon. Aucune qualité de l’Etre n’est à priori. Tout vient à être (tout prend forme) par la rencontre des déterminants (la réalité) et du déterminé (l’observateur)

La relativité du sens inclut non seulement les notions de couleur, position, durée, longueur mais également des notions beaucoup plus fondamentales telles que l’Un, l’Etre, l'objet, l'espace et le temps eux mêmes.

Nous ne savons pas exclure les partis-pris sémantiques qu'implique l'observation pour statuer sur la "Réalité" des objets et des mouvements observés.

Il nous faut pourtant faire le postulat qu’il y a une réalité (que nous nommerons la « Réalité ») qui n’est pas la pensée et qui interagit avec la pensée. En d’autres termes, que la Réalité n’est pas seulement l’image que nous en faisons.

Ce postulat est indémontrable. Il ne préjuge en rien de la forme de cette Réalité ni même de ce que la réalité ait une forme. La forme est de la Représentation, de la pensée. Nous ignorons si en deçà de la forme représentée il existe une forme en Réalité.

Nous nommerons  Khaos cette Réalité possiblement informelle et Kosmos la représentation formelle que nous en faisons. Nous nommerons Logos le processus qui attribue du sens au Khaos et dont résulte le Kosmos.

Le Logos n’est pas un processus mental, sa nature est mathématique, transcendante. Il est un flux relationnel entre une partie du réel (l’observé) et une autre partie du réel (l’observation) dont les propriétés d’auto-organisation génèrent le sens.
La représentation par le biais du Logos n’a donc rien de subjectif. Pour autant, les propriétés d’auto organisation du Logos imposent des structures dans la représentation et donc dans les propriétés du Kosmos telles qu’elles nous apparaissent.

Notons que le Logos n’est pas une loi de l’univers (telle que la gravité) et que ses propriétés ne sont pas physiques mais mathématiques.

Dans notre représentation du réel par exemple: nous ne savons dire, lorsque nous apparait Un Etre, quelle part de ses attributs résulte d’une propriété « en réalité » du Khaos et quelle part résulte des propriétés d’auto/organisation du Logos.

Soyons convaincus par contre du caractère relatif de toute représentation.

L’Un, l’Etre

Pour Aristote "l'Un et l'Etre sont identiques, ce sont deux désignations d'une même réalité naturelle". Seul peut Etre "quelque chose" que l'on puisse désigner en le distinguant du reste de l'univers. "Il n'y a aucune différence à dire "c'Est Un homme" ou "c'est Un être qui Est Homme" ou "Il Est homme""

L'Etre c'est ce qui décrit l'Un, à la fois le fait d'être, la substance et les attributs de la substance. Ceci est et en même temps ceci est quelque chose. C'est cette chose et pas une autre chose.

Sur la base de ces définitions, il ne semble en effet pas possible en observant l'univers d'isoler l'Un sans, dans le même temps, désigner l'Etre. Il ne semble pas possible d'isoler l'Un autrement que par ce qu'il Est ou ce qu'il n'Est pas. Même dans une multitude d'objets semblables il faudra trouver une différence dans les Etre pour distinguer les Un.

Bien que notre esprit peine à l’admettre, l’Un et l’Etre représentent une seule et même réalité. Penser que les qualités de l’Etre lui sont « attachées » est une erreur, les qualités sont à la fois l’Un et l’Etre. Il n’advient pas à l’Un/Etre d’avoir des qualités, ces qualités sont l’Un/Etre.

Cette géniale intuition d’Aristote que l’on pourrait désigner par « consubstantialité de l’Etre et de ses attributs » proposait, 24 siècles à l’avance, une interprétation simple à nombre de formalismes quantiques.

A la lumière du paragraphe précédent ce principe s’interprète fort simplement: L’Un, l’Etre, les attributs de l’Etre mentionnés par Aristote sont des éléments de sens, une représentation du Kosmos et non pas la réalité elle-même. Leur « substance commune » est la partie du Khaos en relation avec l’observation et dont ces éléments de représentation naîtront au travers du Logos. L’Unité de l’Etre n’est pas une réalité « a priori » du Khaos mais résulte du regroupement sémantique opéré par le Logos. Les attributs de l’Etre ne sont pas une réalité « a priori » du Khaos mais résultent de la création du sens opérée par le Logos.

Les qualités du réel

Nous pensons communément que nos sens nous permettent de reconnaître les qualités de l'univers qui nous entoure et donc le représenter. Par exemple: la vue permet de reconnaitre les couleurs.
Il s'agit là d'un pur contresens : La vue a créé la couleur.
La couleur, en tant que "classe de qualité" n'appartient pas à la réalité physique. Dans le spectre des rayonnements électromagnétiques, le rouge n’est pas « en réalité » une couleur visible et l’infra rouge n’est pas « en réalité » invisible.
La couleur en tant que "classe de qualité" est avant tout une propriété de la conscience et du processus d'établissement du sens.
La seule vérité de la classe de qualité « couleurs » et des couleurs elles mêmes est l’efficacité du processus à déterminer des comportements adéquats.

La relativité de l’Etre….

Ayant illustré la « consubstantialité de l’Etre et de ses attributs » revenons à Protagoras tel qu’expliqué par Platon.

Protagoras disait « De toute chose l’Homme est la mesure » montrant par là qu’aucune qualité n’est portée en réalité par l’Etre, qu’aucune qualité n’est en soi mais que toute qualité nait de la rencontre entre une « potentialité de qualité» qui nous provient de l’Etre observé et la conscience de celui qui l’observe.

Ainsi, lorsque nous désignons cette pierre blanche, nous savons aujourd’hui qu’aucune couleur n’existe en réalité. Que la couleur «classe de qualité», tout autant que la couleur blanche de cette pierre ne sont que des éléments de représentation, créés à partir d’un ensemble de propriétés du réel et au travers d’un processus d’observation.  Nous savons que ce que nous appelons couleur de la lumière est une fréquence ou une énergie, que le spectre visible l’est en référence à l’Homme (et différemment pour chacun) et qu’il suffit que je me déplace relativement au sujet pour en changer la couleur.

Ce que n’ont énoncé ni Protagoras, ni Platon, ni Aristote c’est que si « aucune qualité n’est en soi » et si « L’être et ses attributs sont consubstantiels » alors aucun Etre n’est en soi. Dans la réalité, l’Etre n’est au mieux qu’une potentialité de qualités et d’Unité qui ne prendront ce sens dans une représentation donnée, qu’au travers du Logos qui opère les regroupements sémantiques en créant le sens.

L’Etre, au même titre que les attributs dont il est consubstantiel, résulte de la rencontre de l’observé et de l’observant. L’Etre est représentation, l’Etre est relatif, non pas seulement dans ses qualités (attributs) mais dans son étance même.

Un seul Etre vous manque….

Cette conclusion ouvre une brèche de profondeur infinie dans la réalité car elle est itérative ! En effet, si toute qualité n’est que conséquence, alors les causes même de cette conséquence ne peuvent être définies que comme conséquences d’autres causes etc.….
Si tout Un/Etre n’est que représentation ce ne saurait être la représentation de quelque chose qui serait Un/Etre en réalité.
Ce que nous avons appelé une potentialité de qualités dans le réel ne saurait être considéré comme les qualités « réelles » d’«êtres réels».
Regardant vers l’aval, la représentation du Un/Etre ne saurait être « quelque chose » qui serait Un/Etre.

Ainsi nous faut-il considérer l’Un/Etre non plus comme une réalité transcendante, comme l’élément ontologique premier, mais comme la représentation d’une réalité étendue à l’infini amont de ses causes. La représentation elle-même n’ayant d’existence que par l’infini aval de ses conséquences.

Ces conclusions, qui semblent bouleverser notre vision du réel sont en fait conformes à notre expérience quotidienne:

En effet, avons-nous jamais eu accès direct aux qualités ou à l’état d’un Etre ? Pouvons-nous dire de quoi que ce soit « ceci est Un en réalité » ? Connaissons-nous de la réalité autre chose que ses conséquences ? Comment saurions-nous qu’un Etre existe s’il n’avait de conséquence ? Pouvons-nous affirmer que « Etre » soit autre chose que « avoir des causes et des conséquences » ?

Vertigineuse perspective sur la réalité

La disparition de l’Etre en tant que réalité nous amène à proposer un nouveau modèle de réalité:

Selon ce modèle, le partage de sens serait la seule réalité ontologique, celle dont toute autre réalité serait constituée.

La Réalité serait un chaos informel de partage de sens entre éléments sémantiques.
L’élément sémantique n’étant lui-même qu’une structure particulière de partage de sens résultant de la propriété mathématique des chaos de s’auto-organiser en « attracteurs ».
Le sens ne doit pas être considéré comme un attribut de l’élément sémantique. Le contenu sémantique de l’élément sémantique n’a d’autre réalité que l’infini amont de ses causes* et son existence sémantique ne devient réelle que par l’infini aval de ses conséquences*.

* Causes, conséquences et lien causal ne sont rien d’autre que des éléments sémantiques. L’irréversibilité du lien causal résulte du processus d’auto organisation des chaos.

Le lecteur pourra trouver plus de détails sur ce modèle dans mon livre « L’Univers n’a pas la forme » ainsi qu’une analyse du profond impact d’un tel modèle sur les sciences, sur les théories physiques et leur interprétation.

Et moi et moi… 

Concentrons-nous sur la réinterprétation selon ce modèle, du Moi et dans un premier temps du « Moi qui pense », le Moi du Cogito.

La base :
Le Moi qui pense se représente comme Un, inclus dans un instant de pensée présent et sans épaisseur temporelle.
Le Moi qui pense n’est pas seulement Un, il est aussi quelque chose : son contenu sémantique est complexe.
Le Moi qui pense représente son propre contenu sémantique comme la conséquence présente de causes passées, qu’elles soient endogènes (le fil de la pensée, le Moi qui rêve) ou exogènes (les sensations).
Tel qu’il se représente à lui-même, le Moi qui pense est donc bien Un/Etre.

2 remarques préalables :
Il est remarquable que le Moi qui pense, alors qu’objectivement il « contient » la représentation de l’Univers, ignore cette évidence au profit d’une conjecture: celle d’un Univers réel qui serait « conforme » à sa représentation. Au passage le Moi qui pense efface le processus même qui conduit de la Réalité à sa représentation.

Or, aucun de nos sens ne procure une représentation conforme, à aucun moment de la chaîne causale qui relie la réalité à son observation l’effet n’est « conforme » à la cause. Le rebouclage des signaux au long de cette chaîne n’y change rien. La seule « vérité » de notre représentation est son efficacité à nous perpétuer. Nous croyons accéder à la réalité absolue des formes du réel alors que nous ne disposons que d’une vérité relative.

Cette remarque en amène une seconde: il est impossible de déterminer une « frontière » entre le Moi qui pense et le Moi physique. Nous ne savons dire à quel moment l’état du moi physique devient pensée, le signal devient sens, ni à quel moment la pensée devient acte.

A elle seule cette remarque nous indique que nous sommes constitués d’une seule et même réalité, corps et pensée ne sont pas deux réalités d’essences différentes. Il faut admettre la « consubstantialité de la matière et du sens». Non pas réduire le sens à une « qualité de la matière » ni idéaliser la matière, mais admettre que matière et pensée sont « issus » d’une même réalité ontologique.

La réinterprétation :
Selon notre nouveau modèle, le Moi qui pense ne serait plus en réalité cet Un/Etre que nous venons de décrire mais une représentation.

La réalité causale de ma pensée remonte à l’infini, à l’origine de la vie et avant même ! La réalité causale de la chimie, de la biologie, de la topologie mêmes de mon cerveau, ce qu’on peut nommer les valeurs implicites sont la réalité de ma pensée. De même la réalité causale de ma culture, de mes apprentissages, de mes souvenirs, ce qu’on peut appeler les valeurs explicites, sont la réalité de ma pensée.

C’est la propriété du Logos, en tant qu’opérateur du regroupement sémantique de masquer l’extraordinaire profondeur de ce champ causal en y créant les éléments sémantiques qui m’apparaîtront comme la réalité physique de mon cerveau et son état présent, comme les éléments sémantiques dont la combinaison ultime constitue la représentation que j’ai de ce « Moi qui pense » comme une Unité dans le présent, qui se détermine elle même suivant le temps de ma pensée.

L’unité du moi qui pense n’est que représentation. La réalité de la pensée est un front extraordinairement complexe d’éléments sémantiques qui se déterminent eux-mêmes et se transforment mais qui, par l’interaction permanente de leurs devenirs, construisent une vision unitaire. Vision unitaire à la fois du moi qui pense et de la réalité comme un tout.

La dynamique de la pensée

Vouloir associer l’instant de pensée à l’état physique du cerveau, vouloir considérer la pensée comme une qualité de la matière, vouloir considérer le changement de l’état physique du cerveau comme la cause du changement dans la pensée est voué à l’échec.

Nous constatons chaque jour que la pensée n’existe que de façon dynamique, qu’elle n’existe qu’associée à son propre changement : Je ne puis empêcher mes idées de changer. Même lorsque je suis endormi ma pensée change. Je ne décide même pas de penser. La pensée sans changement n’est rien.

Pour atteindre la réalité de la pensée il faut comprendre qu’elle ne s’écrit pas sur un support présent. Le présent est une représentation. La pensée dans sa réalité n’est ni dans un lieu ni dans un instant. La pensée n’a d’autre réalité que l’infini amont de ses causes et d’autre existence que ses propres conséquences. Voilà pourquoi la pensée est changement.

Notons que l’expérience est la même pour le vivant en général: l’Etre vivant n’est pas un objet physique auquel il advient de changer, le vivant sans changement c’est la mort.

Notre nouveau modèle de réalité propose une explication simple de cette dynamique intrinsèque de la pensée :

Le « moi qui pense », comme tout être sémantique n’a d’existence que par ses conséquences qui, elles mêmes, n’ont d’existence que par leur conséquences etc. La dynamique de la pensée n’est donc pas un accident, une propriété de la chose physique qu’est le cerveau. Elle est dans le principe même de l’agglomération et du partage du sens. Mon état de conscience n’a d’existence en représentation que par l’état de conscience qu’il détermine.

La pensée est comme le sens d’un livre: son essence ne peut-être atteinte que s’il est parcouru. Le sens d’un livre est le partage entre l’auteur (la cause) et le lecteur (la conséquence).

Le changement n’est pas contingent pour la pensée. C’est une erreur de croire que le temps, plus fort que ma volonté, impose à ma pensée de changer. De croire que ce changement proviendrait de réactions chimiques et électriques régies par un temps irréversible.

La pensée n’est pas matière ni même un attribut de la matière. La matière (en tant que forme du réel) est représentation. Pensée et matière participent d’une seule et même réalité : le partage du sens. La dynamique de la pensée est causale et non physique, la réalité des réactions qui contribuent à la pensée est partage de sens, les lois qui gouvernent ces réactions et le temps irréversible ne sont que des attributs de représentation résultant des propriétés du Logos.

La géniale intuition bergsonienne

Bergson distinguait la conscience (et plus généralement le vivant) de la matière inanimée en cela que la première est « durée » alors que l’état présent de la matière n’est que la simple conséquence de son état immédiatement antérieur.
La conscience présente est pour Bergson l’accumulation de sa propre création en un flux continu. Et c’est ce flux cumulatif qui donne au temps de la conscience le caractère irréversible, continu et créatif de la durée alors que le temps de la matière inanimée serait en lui même aussi réversible et divisible que l’espace.

Ainsi Bergson avait déjà constaté la dynamique essentielle de la pensée et du vivant et compris que le temps irréversible était lié au processus même de création de la conscience, cause de cette dynamique.

Bergson avait pour objectif de « donner sens » aux théories de la relativité et de la physique quantique, elles-mêmes fondées sur la réalité du cadre d’espace temps. Il n’a pas su s’affranchir complètement de ce cadre. Dommage car les « 2 temps » de Bergson masquent la pertinence de son intuition.

Lorsque Bergson écrivit ces lignes, les concepts de physique statistique qui auraient permis de les étayer scientifiquement n’étaient pas disponibles. Il fut génial trop tôt !

L’unité de la pensée et de l’Etre vivant

Le Moi du Cogito se pense Un. Il semble évident que la dynamique de la pensée ne s’applique pas « en bloc » à ce Un constitué. Chaque élément sémantique de la pensée a sa propre dynamique. L’apparition des attracteurs qui vont opérer les regroupements sémantiques résulte de cette dynamique.

La pensée serait donc mieux décrite comme un ensemble complexe de « devenirs » unis par leurs interactions.

De même, l’Etre vivant ne doit pas être considéré comme un assemblage de cellules auquel il adviendrait de changer. L’être vivant est bien mieux représenté comme un entrelacs de milliards de devenirs dont l’interaction chaotique est l’unité. Comparable à de fins polymères qui constituent des fibres qui, filées constituent des fils qui, torsadés constituent des torons qui, torsadés à nouveau constituent un solide cordage. 

Notons que si notre corps contient dix mille milliards  de nos cellules il contient aussi cent mille milliards de micro organismes qui n’ont pas notre génome et dont pourtant le devenir constitue notre devenir. 

L’instant de pensée est un artefact

Le Moi qui pense se représente à lui-même comme Un bien que complexe, inclus dans un instant présent sans épaisseur temporelle.

Comment ne pas voir la contradiction totale entre ces propositions ? Comment quoi que ce soit pourrait il être à la fois Réel, Un, Complexe et dans l’instant présent.

Nous savons que les phénomènes neurobiologiques qui supportent la conscience sont étendus dans l’espace du cerveau (et donc dans le temps). Nous savons qu'il serait insensé de croire que l'état physique (objectif) du cerveau à un instant donné puisse être mis en relation avec un état vécu (subjectif) de notre conscience au même instant. Par quel extraordinaire principe de connectivité le cerveau pourrait-il fusionner de façon instantanée ces milliards de connections en un sens global ?

Il nous faut admettre que l’instant présent de la pensée n’est que la représentation d’une réalité étendue dans le temps.

Il en est de même de l’instant d’Univers, par exemple: notre conscience se représente le son d'une sirène comme une succession continue d'instants sans durée auxquels elle associe une note. Pourtant, le son n'a de sens que si l'on considère le phénomène physique qui le supporte en moyenne sur une certaine durée. L’instant présent n’est pas une réalité mais une représentation.

Conclusion

Des lignes qui précèdent nous concluons que la pensée, le sens ne sont pas d’une autre réalité que leur objet ni que leur processus. La représentation que j’ai de l’objet observé n’est pas « en réalité » d’une autre nature que l’objet lui-même ni que la chaîne causale qui les relie, ni même que le support physique de cette chaîne.

Ma pensée n’a d’autre réalité que le champ chaotique et infini de ses causes. C’est par le fait d’une propriété mathématique du Logos que s’agrège et se structure ce chaos en éléments sémantiques.
L’objet observé est la forme, l’élément sémantique qui prend sens dans ma représentation par agrégation d’une partie de ce champ causal. La représentation de cet Un/Etre n’aura d’autre existence que par ses conséquences. 
Le Logos efface ce processus pour ne laisser à l’asymptote que l’image du Moi qui pense, Un, inclus dans le moi physique, dans l’instant présent et dans un Kosmos centré sur lui même.

La représentation que j’ai de la Réalité n’est pas une illusion. La Réalité n’a pas une autre forme. La Réalité n’a pas de forme. Le Logos lui donne forme. Notons cependant que cette forme représentée est par essence relative.

Puisque l’Etre est représentation, notre Etre n’a d’autre réalité que le champ chaotique et infini de ses causes. Notre réalité s’étend à l’infini de la réalité. Seule l’image que nous avons de nous est enfermée en nous.

Voici qui impose de redéfinir la notion d’individualité. En effet si mon Etre est en réalité le champ infini de ses causes, nombre de ces causes seront communes à d’autres Etres. Je partage donc pour l’essentiel ma réalité avec les autres Etres de l’Univers. Mon individualité ne résulte pas d’une réalité individuelle à priori mais de l’unicité du parcours de convergence sémantique qui donne naissance à la représentation que j’ai de moi.
Notons que la pensée transcende l’être, que l’interaction causale entre des êtres distincts (des fourmis par exemple) participe à la construction du sens et d’une pensée unitaire. La culture est pensée au même titre que ma pensée.

Le Moi Introspectif, refermé sur lui-même, qui tenterait de masquer à la conscience les pestilences de l’inconscient; cette idée mortifère qui conduit à l’égoïsme et à la peur de soi même est une extrapolation infondée. Les profondeurs de notre inconscient ne conduisent pas à un cloaque ténébreux mais à la lumière de notre histoire commune.

Ainsi comprise, la pensée ne nous délivre pas de notre contingence. Nous ne voyons pas la réalité « du dehors ». La pensée n’est pas autre chose que de la réalité.
Les réactions que détermine mon système immunitaire à une attaque virale représentent la réalité selon la même logique causale qui constitue ma représentation de l’Univers.  
Nous ne sommes pas, par notre pensée, sortis du jardin de la Création, notre seule faute est de le croire !

                                                                                                     

 

Dans ce cas il s’agit du sens que la conscience attribue au monde physique

 [2] cf. Théétète

La métaphysique d'Aristote [1003b] (Pocket Agora)

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