Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

pub-penseur vertBLOGL'UNIVERS N'A PAS LA FORME

pour une Ontologie du sens

7 février 2019 4 07 /02 /février /2019 16:36

Les lignes qui suivent ont pour origine un court texte de Maine de Biran, extrait de son "Essai sur les fondements".
L’œuvre de ce philosophe contemporain de Kant n'a pas eu la postérité qu'elle méritait.
Son étude de la relation de l'esprit au monde est aujourd'hui encore susceptible d'apporter des solutions à la science contemporaine.

C'est ce que nous allons essayer de montrer.

 

For english version clic here

 

Maine de Biran - œuvres choisies

Aubier ed. Montaigne 1942

II - Détermination du fait primitif du sens intime. p77-89

 

Le fait de la sensation se détache de la faculté de sentir et non d’un fait en vis-à-vis.

Ce n’est qu’après avoir affecte l'esprit, sous une forme diffuse, que la sensation/phénomène apparait comme fait révélé de la sensation

La sensation est présente (bien qu’informe), comme une affection dans la pensée/objet et c’est la faculté de ressentir qui lui donne forme.

Mais la combinaison de la sensation aux autres sensations et concepts, ne se fait pas au niveau du fait de sensation révélé, mais se répand comme une affection dans la pensée/objet, encore informelle, ou du moins diffuse.

Autrement dit, la faculté de combiner les sensations ne se tient pas au niveau de l’entendement du sujet mais au niveau de l’esprit/objet

En fait, on peut dire qu’il y a entre les 2 niveaux un front diffus où s’échangent les affections informelles de l’objet et les faits ressentis qui eux-mêmes ne sont autres que des affections singulières dans la pensée/objet.

Nous sommes à la fois sujets et objets de nos sensations, à la fois spectateur de la sensation/objet et acteur/sujet de la sensation.

Ce front diffus nous oblige à abolir la différence de nature entre le logique/mental, immatériel et la structure physiologique de la pensée,  ou quelle qu’en soit la nature physique.

 

La connaissance opère par détachement en non par synthèse.

Contrairement à ce que dit le sens commun, les faits (formels) du monde ne sont pas adjoints à la connaissance sous forme de sensations révélées comme telles à l’entendement, mais au contraire, ils se détachent de la faculté globale de connaitre.
Or le fait ne peut être aperçu sans la présence en filigrane du sujet connaissant.
Le fait ne peut qu’apparaître au « moi connaissant ». Sans sujet il ne saurait y avoir d’objets.

A l’instant où le fait de la sensation se révèle, il fait déjà partie du Tout du sujet

A l’idée que la raison synthétise l’univers de la connaissance en y disposant, à chaque instant, un-à-un, les faits de la sensation, révélés pour eux-mêmes, il faut alors opposer que c’est la faculté globale de connaitre qui laisse apparaitre hors d’elle, le fait, comme partie d’un Tout conçu et organisé globalement dans le moi/objet.

Non pas qu’il faille choisir entre l’une ou l’autre des hypothèses mais bien plutôt comprendre comment elles coopèrent à augmenter et formaliser la Connaissance.
Nous voyons alors que le fait de sensation dans sa forme et aussi sa position dans l’univers de notre représentation, est tout autant et certainement bien plus déterminé par la connaissance et ses lois, que par l’éventualité de la forme a priori d’une cause externe de la sensation ou sa position relativement à d’autres objets.

 

L’espace selon Poincaré

Le concept d’espace auquel nous mène cette conclusion est proche de celui de Poincaré: un univers dont la forme est créée par l’esprit/objet comme un tout et apparait à la raison de l’esprit/sujet, un univers où les objets n’ont pas « par eux-mêmes » de position, de masse, d’inertie, de vitesse etc… mais où ces propriétés émergent de la Connaissance globale du sujet.
C’est dans un tel concept d’univers que peuvent seulement prendre sens les idées de masse, d’inertie, de gravitation, de relativité.

 

 

English version

 

From MAINE DE BIRAN to POINCARE

 

Maine de Biran - selected works

Aubier ed. Montaigne 1942

II - Determination of the primitive fact of the intimate sense. p77-89

 

The fact of sensation is detached from the faculty of feeling, and not from a fact in vis-à-vis .

It is only after having affected the mind, in a diffuse form, that the sensation/phenomenon appears as the revealed fact of sensation

The sensation is present (although informal), as affection in thought/object and it is the faculty of feeling that gives it shape.

But the combination of sensation with other sensations and concepts is not done at the level of the revealed fact of sensation, but spreads like affection in the thought/object, still informal, or at least diffuse.

In other words, the faculty of combining sensations does not stand at the level of the subject's understanding but at the level of the mind/object

In fact, we can say that there is between the 2 levels a diffuse front, where informal affections of the object are exchanged and facts are felt, which themselves are nothing but singular affections in the thought/object.

We are altogether subjects and objects of our sensations, at the same time spectator of sensation/object and actor/subject of sensation.

This diffuse front obliges us to abolish the difference of nature between the logical/mental, immaterial and the physiological structure, or whatever physical nature of thought.

 

Knowledge operates by detachment and not by synthesis.

Contrary to what common sense says, the (formal) facts of the world are not added to knowledge in the form of sensations, revealed as such to the understanding, but on the contrary, they are detached from the global faculty of knowing.
Now the fact can not be seen without the filigree presence of the knowing subject.
The fact can only appear to “me who knows". Without a subject there can be no objects.

At the moment when the fact of the sensation is revealed, it is already part of the All of the subject

To the idea that reason synthesizes the universe of knowledge by disposing, at each instant, one-by-one, the facts of sensation, revealed for themselves, it must then be opposed that it is the global faculty of knowing that lets appear out of it, the fact, as part of an All conceived and organized globally in the me/object.

Not that we must choose between one or the other hypothesis, but rather understand how they cooperate to increase and formalize Knowledge.
We see then that the fact of sensation in its form and also its position in the universe of our representation is just as much and certainly more determined by knowledge and its laws than by the possibility of the a priori form of an external cause of the sensation or its position relative to other objects.

 

The space according to Poincaré

The concept of space to which this conclusion leads us is close to that of Henri Poincaré: an universe whose form is created by the mind/object as a whole and appears to the reason of the mind/subject, an universe where the objects do not have "by themselves" position, mass, inertia, speed etc ... but where these properties emerge from the Global Knowledge of the subject.
It is in such a concept of the universe that the ideas of mass, inertia, gravitation, relativity can only take on meaning.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog Philosophie de jean-louis Boucon
  • : Discussion philosophique et métaphysique sur la relation entre la pensée et la représentation du monde. Réflexions sur une ontologie des corrélations.
  • Contact

ACHETER LE LIVRE