Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

pub-penseur vertBLOGL'UNIVERS N'A PAS LA FORME

pour une Ontologie du sens

24 août 2018 5 24 /08 /août /2018 16:29

 

In mundo non datur fatum

 

Support de l’article:

Kant Critique de la raison pure

Traduction et présentation Alain Renaud

GF Flammarion  2001

Analytique des principes

Postulats de la pensée empirique p285

 

Préambule :

L’objectif n’est pas ici d’expliquer ou de contester le texte de Kant, mais de montrer qu’un des principes de l’OdC est déjà présent dans la « Critique ».
A savoir que « les lois que le sens commun et la science attribuent aujourd’hui encore à l’Univers, à cette réalité externe dont nous croyons « prendre » connaissance, résultent en fait des lois de l’entendement, des règles qui, à la fois, rendent possible et donnent forme à toute expérience. »
Le choix de ce passage a certes quelque chose d’arbitraire. Disons qu’il est pertinent par rapport à l’objectif, qu’il a l’avantage d’être assez compréhensible (ce qui n’est pas négligeable concernant Kant) et qu’il m’a paru d’une valeur particulièrement générale.

L’Ontologie des Connaissances se distingue de l’Idéalisme Critique de Kant en cela (et en bien d’autres aspects) qu’elle déshumanise la Connaissance. Pour l’OdC une Connaissance n’est pas construite par l’entendement d’un être connaissant. L’OdC définit une Connaissance comme un parcours : Le parcours, de proche en proche, des relations d’interdépendance qui relient ce qu’on nomme un point de vue à une réalité informelle. La forme du monde résulte des lois qui régissent ce parcours. De ce fait, il n’y a pas pour une Connaissance de frontière entre l’interne et l’externe, entre l’objet et le sujet. La Connaissance n’est pas d’une autre réalité que la Réalité.

.

Article :

A plusieurs reprises dans cet extrait Kant nous rappelle que sa démonstration concerne les phénomènes et leurs perceptions répondant aux lois générales de l’expérience.

« Donc ce n’est pas de l’existence des choses (substances), mais de celle de leur état que nous pouvons connaître la nécessité, et cela à partir d’autres états qui sont donnés dans la perception, conformément aux lois empiriques de la causalité. D’où il résulte que le critère de la nécessité réside uniquement dans la loi de l’expérience possible, que tout ce qui arrive est déterminé a priori, phénoménalement, par sa cause. De là vient que nous connaissons uniquement la nécessité des effets survenant dans la nature et dont les causes nous sont données, et que le caractère de la nécessité dans l’existence ne s’étend pas au delà du champ de l’expérience possible, sans valoir, même dans ce champ, pour l’existence des choses comme substances, puisque celles-ci ne peuvent jamais être envisagées comme des effets empiriques ou comme quelque chose qui survient ou qui naît. La nécessité ne concerne donc que les rapports entre les phénomènes d’après la loi dynamique de la causalité et que la possibilité, qui se fonde sur cette loi, de conclure a priori, à partir d’une quelconque existence donnée (à partir d’une cause) à une autre existence (à l’effet)
 Note 1.
Pour l’OdC c’est l’inverse, c’est la probabilité effectivement singulière de cet effet en tant que phénomène « à venir » qui est le sens de la cause; en cela que cette probabilité singulière rend efficaces des conjectures  
Tout ce qui arrive est hypothétiquement nécessaire : c’est là un principe fondamental qui soumet dans le monde le changement à une loi, c’est-à-dire à une règle s’appliquant à l’existence nécessaire, sans laquelle règle il n’y aurait pas même de nature. Par conséquent, le principe : rien n’arrive par un hasard aveugle (in mundo non datur casus) est une loi a priori de la nature
Note
2 …en tant que phénomènes :
c’est la Connaissance qui s’oppose au hasard aveugle des causes. La loi a priori de la nature est en fait une loi a priori de la connaissance. Nul ne peut Connaître un pur hasard sans nécessairement y créer le sens d’êtres qui apparaîtront justement comme causes des effets que sont les sensations. La nécessité d’une cause est une loi de la connaissance.

C’est d’autant plus vrai que, comme le montre EK, les causes ne sont jamais des substances mais seulement des états.
de même : aucune nécessité intervenant dans la nature n’est une nécessité aveugle, mais c’est toujours une nécessité conditionnée, par conséquent intelligible (non datur fatum). Ces deux principes sont des lois à travers lesquelles le jeu des changements se trouve soumis à une nature des choses (en tant que phénomènes) ou, ce qui est équivalent, à ‘unité de l’entendement, dans lequel seulement elles peuvent appartenir à une expérience considérée comme l’unité synthétique des phénomènes. »
Note 3 les « non datur casus » principe de causalité et « non datur fatum » principe de nécessité intelligible sont liés aux lois qui assurent l’unité de l’entendement et rendent toute expérience possible.

Ces deux principes appartiennent aux principes dynamiques. Le premier est proprement une conséquence du principe de causalité (tel qu’il fait partie des analogies de l’expérience). Le second appartient aux principes de la modalité, laquelle ajoute encore à la détermination causale le concept de la nécessité – mais une nécessité qui est soumise à une règle de l’entendement. Le principe de la continuité interdisait tout saut dans la série des phénomènes (changements) (in mundo non datur saltus), mais aussi, à l’intérieur de l’ensemble constitué par toutes les intuitions empiriques dans l’espace, toute lacune ou tout hiatus entre deux phénomènes (non datur hiatus) ; car on  peut formuler ainsi le principe : dans l’expérience, rien ne peut entrer qui prouve un vacuum ou même simplement le permette, comme s’ il pouvait être une partie de la synthèse empirique. …De même le principe de continuité (non datur saltus) et celui d’absence de hiatus ou de lacune (non datur hiatus)

 

Note 4 Cette démonstration a été illustrée depuis par les expériences faites sur des sujets hémi-négligents suite à un traumatisme. Bien qu’ils ne perçoivent qu’une partie (par exemple la moitié gauche) de l’univers que perçoit un sujet normal, leur entendement synthétise pour eux un univers sans manque et sans hiatus. Ref : Comment la matière devient conscience G. Edelman G Tononi éd. O. Jacob sciences 2000


Les 4 principes dynamiques de toute expérience possible mentionnés par EK se résument ainsi :

In mundo non datur Hiatus : Principe d'absence de vides
In mundo non datur Saltus : Principe de continuité

In mundo non datur Casus : Principe de causalité

In mundo non datur Fatum : Principe d'une nécessité intelligible

A ces principes dynamiques l’Ontologie des Connaissances ajoute, comme résultant des lois de la Connaissance, les principes formels qui veulent que nous nous représentions nécessairement
1- nous-mêmes «au centre de notre univers perçu»
2- nous-mêmes en un temps présent qui nous paraît correspondre "au dernier instant de notre perception"
3- le monde sous forme d’êtres existant dans ce même temps présent et en devenir selon le même écoulement du temps.

L'article "Kant vs Cantor" montre comment "la critique" rendait caduque, un siècle à l'avance, toute utilisation de la théorie des ensembles de Cantor comme une ontologie.

Conclusion:

Si donc, comme le montrent Kant et l’OdC, les lois de l’entendement (et/ou de la Connaissance) suffisent à expliquer la forme que nous donnons au monde, en quoi l’hypothèse d’une forme du monde en réalité, d’une forme externe, serait-elle nécessaire ?

Puisque, par le Cogito, l’existence de l’entendement se prouve d’elle-même. Puisque Kant nous montre que les lois de l’entendement sont nécessaires et, pour l’essentiel, suffisantes à justifier la forme et la dynamique de nos représentations du monde. Pourquoi ne pas faire l’économie de l’hypothèse, qui plus est invérifiable, d’une forme de la réalité ?
D’autant que l’idée n’a rien de nouveau: le concept de « vacuité de forme » est familier de la pensée orientale depuis des millénaires, même si nous, occidentaux, formatés par 15 siècles de dogme judéo-chrétien, voulons voir dans le concept de vacuité une mystique plus qu’une métaphysique efficiente.

 

La Connaissance, déshumanisée par l’OdC, est libre des soupçons de subjectivité et d’inconsistance qui pouvaient être émis vis-à-vis de l’entendement de Kant. Le parcours de connaissance n’est pas même « contenu » dans un sujet connaissant. Les lois qui règlent le parcours de Connaissance sont purement mathématiques, probabilistes. Appliquées à des parcours d’une complexité bien au delà de l’imaginable, ces lois pourront présenter la répétabilité des lois déterministes du monde macroscopique, conduisant à une représentation invariante malgré des points de vue divers.

L'article "PERSISTANCE" montre comment les principes dynamiques et formels de l'entendement trouvent leur fondement dans les lois statistiques qui règlent la pensée/objet.

 

Si donc la Connaissance (ou l’entendement) donne forme à une réalité sans forme, suivant les lois qui règlent un parcours de connaissance « à partir » du point de vue, alors il est absolument logique que la représentation de monde soit relative au point de vue.
Le principe d’équivalence cher à A Einstein devient une évidence, à condition d’être réécrit comme suit :

« Les lois qui règlent la représentation du monde sont les mêmes quel que soit le point de vue. »

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog Philosophie de jean-louis Boucon
  • : Discussion philosophique et métaphysique sur la relation entre la pensée et la représentation du monde. Réflexions sur une ontologie des corrélations.
  • Contact

ACHETER LE LIVRE