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pub-penseur vertBLOGL'UNIVERS N'A PAS LA FORME

pour une Ontologie du sens

25 septembre 2018 2 25 /09 /septembre /2018 18:15
Il pleut, la route est mouillée

Il pleut, la route est mouillée

Le concept d'interdépendance En Acte est au fondement de l'Ontologie des Connaissances (OdC). Essayons ici de préciser le sens du terme "En acte".

Pour le sens commun, "ce qui est", est constitué d'êtres (ou d'événements) à qui il advient d'être interdépendants. La relation d'interdépendance, tout comme celle de causalité, n'a pas clairement le statut de réalité. A tel point que pour la "faire être" on devra identifier l'interaction à une particule (être en soi) ou à un champ (état du vide, le vide comme étant)

L'OdC n'est ni une forme d'idéalisme ni de spiritualisme.
Pour l'OdC, il y a une réalité et cette réalité est "l'Interdépendance".
"Ce qui est" ce ne sont pas les êtres mais l'interdépendance elle même et les êtres, les événements ne sont que des singularités dans les parcours des liens d'interdépendance.

Le terme "En Acte" désigne avant tout les modalités de l'interdépendance selon l'OdC et ce sous trois aspects.

Considérons, pour servir de support au langage, la relation d'interdépendance En acte
A <=> B

1) La vérité de cette relation n'est pas conditionnelle, elle ne signifie pas "si A alors B et réciproquement" mais bien plutôt "A parce que B et réciproquement". Dans une relation En acte, A et B sont vraies d'une vérité indépendante de toute condition (voir cependant le point 3)) et en particulier du temps (*) et il en est de même de leur interdépendance.
(*) Pour l'OdC le temps ne baigne pas la réalité, le temps se construit à partir de la réalité

2) Cette relation n'est pas le concept général d'une relation dans lequel A et B seraient des variables logiques indéfinies. Elle ne signifie pas pour tout A comme ceci et tout B comme cela alors A <=> B.
En fait, c'est de l'expérience répétée d'interdépendances En acte, c'est à dire des invariances qu'il y détecte, que notre esprit modélise les concepts d'interdépendance.
De même A <=> B ne vaut que pour un A et un B donnés. Elle n'a aucune valeur universelle.
Elle est aussi spécifique que l'amitié de Montaigne et La Boëtie.

3) L'interdépendance, bien qu'elle soit "ce qui est", n'a pas de substance et par conséquent les êtres désignés par A et B ci-dessus n'en ont pas davantage.
Pas de substance en ceci que  A, B et leur interdépendance peuvent être dé-composés infiniment. Selon l'OdC, il n'y a pas de substance, pas d'élément premier, pas de vérité première, rien qui soit Un.
En fait, A, B et leur interdépendance ne "sont" pas, ils ne font qu'"exister" pour une (des) connaissance(s). Pour un sujet connaissant, dans sa représentation du monde, il y a interdépendance entre l'existence de A et l'existence de B.
"Ce qui est", la réalité, n'a pas de forme en soi, seule une connaissance lui donne forme.

Ainsi, le monde En acte pourrait être considéré comme l'ensemble des liens d'interdépendance entre tout ce qui s'est produit et se produira, à ceci prêt que cet ensemble n'est baigné ni dans le temps ni dans l'espace.
Cet ensemble d'interdépendances est globalement fermé sur lui même, c'est à dire que le monde En acte ne dépend globalement que de lui même pour être. Il est incréé, il est sa propre création. Une création En acte, hors du temps.

Note: L'article "Systèmes linéaires et réalité infondée" propose une illustration de l'En acte

Notre conscience, qui représente le monde, n'est pas hors du monde. L'esprit n'est pas d'une autre substance que celle du monde.
L'esprit est donc interdépendance, une singularité dans les parcours d'interdépendance qui a cette particularité de se connaître elle même comme une, c'est à dire de se représenter comme une connaissance individuée.
Or, depuis Goedel, nous savons qu'aucune connaissance ne peut se connaître entièrement. Ce qui connait (le sujet) est nécessairement autre que ce qui est (l'objet).
Mais une connaissance n'est rien ( car il n'y a pas d'être) si elle n'existe pour une autre connaissance.
Ainsi une connaissance est nécessairement un devenir, un devenir soi même, une individuation pour reprendre les termes de Gilbert Simondon.(1)
Toute conscience est donc animée de son devenir. Elle a une âme. Ce devenir est le temps de la conscience.
La connaissance du monde par une conscience est donc nécessairement animée du temps de la conscience.
Et puisque je ne connais rien d'autre que ce que je connais, et seulement au travers du processus de connaissance, il m'est impossible de distinguer le temps de ma conscience, du temps apparent du monde.

Ainsi, bien que le monde soit En acte, la connaissance qu'en a ma conscience est animée du temps de ma conscience.

 

Lorsque l'OdC énonce "L'interdépendance plutôt que l'être", elle ne prétend pas que son modèle soit le "vrai" alors que celui proposé par le sens commun serait "faux".
L'OdC suggère seulement qu'il est possible de construire un modèle cohérent de notre expérience du réel à partir de la notion première d'interdépendance, que ce modèle sera plus économe en hypothèses ontologiques et qu'il donnera un sens plus satisfaisant pour l'esprit aux formalismes relativistes et quantiques.

 

(1) Gilbert Simondon: L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information. éd. Millon

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