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pub-penseur vertBLOGL'UNIVERS N'A PAS LA FORME

pour une Ontologie du sens

28 mars 2016 1 28 /03 /mars /2016 17:52

Alexis a des milliers de LEGO.
Chaque Lego possède les attributs de couleur, forme, taille, etc..
Chaque attribut a plusieurs valeurs possibles.
Il souhaite les classer d’une façon qui fasse sens pour lui.
L’horizon de son classement serait un nombre limité de paquets, chacun répondant à un nombre limité d’attributs.

Il vide la caisse sur le sol et se demande alors :

« Y a-t-il un classement plus efficace ou plus logique que les autres. Un mode de classement qui permettrait de séparer mes LEGO en paquets plus gros, plus évidents, moins nombreux, m’imposant de réitérer la division du tas un minimum de fois ? »

La réponse à cette question est hélas cachée dans le tas de LEGO car seule la distribution statistique effective des valeurs d’attributs permettrait de juger du meilleur mode de classement; mais pour connaître cette distribution il faudrait déjà tout savoir des pièces !

Alexis, invente alors une méthode de classement progressive, il prend 50 premières pièces, y détermine l’attribut le plus inégalement réparti et choisit cet attribut comme premier critère de séparation du tas. Il crée donc N tas selon les N valeurs de ce premier attribut. Il lui suffira de réitérer ce procédé sur ces N premiers tas et ainsi de suite jusqu’à ce que tous les LEGO soient classés selon tous les attributs.

Cet exemple figure la façon dont le Logos sépare la réalité informelle en éléments sémantiques. Sa validité est néanmoins limitée.

Car le Logos doit en plus inventer les attributs, en même temps qu’il les utilise, et n’a pour cela que la réalité informe.
Il lui faut « faire surgir » du réel informe une infinité de différences qui n’ont pas le sens d’attributs donné a priori.
Il lui faut trouver la séparation première qui sera ensuite réitérée pour constituer le « langage » du réel que sont les formes.
Pour plus de pertinence il faudrait aussi une infinité de pièces.

.

Propriétés du Logos :

La méthode de classement inventée par Alexis nous révèle certaines propriétés du Logos :

- Le sens global du tas (les paquets signifiants) n’est pas donné a priori mais doit être découvert de proche en proche.

Le logos doit construire les formes qui n’existent pas en réalité. La construction se fait de proche en proche, à partir du point de vue.

- Les séparations sont décidées sur des bases statistiques, c'est-à-dire soumises à l’aléa de l’échantillon.

La séparation du réel par le Logos a des bases statistique.

- Ainsi, un même point de vue (point de départ) peut possiblement donner des parcours différents, c'est-à-dire des sens différents.

Pour un point de vue donné, plusieurs formes du réel sont co-possibles.

- Dans l’exemple présent, limité en complexité, l’aléa sur les parcours pourrait être attribué à la taille limitée des échantillons choisis. Dans la réalité infiniment complexe, les parcours sont intrinsèquement indéterminés, du fait de leur nature chaotique.

- Un seul sens apparaitra néanmoins au point de vue, car un seul parcours parmi les possibles sera suivi. Alexis prend et applique ses décisions.

Le Logos ne présente au point de vue qu’une seule des réalités co-possibles.

- Si Alexis devait refaire le même tri une heure plus tard, il arriverait peut être à un autre classement.

A deux points de vue voisins, le Logos peut présenter des vérités différentes.

- De la taille des échantillons pris par Alexis dépend la stabilité du sens.

Si l’on peut associer des points de vue semblables en un sens statistique moyen, alors, l’indétermination sur le sens sera progressivement levée en fonction de la puissance du point de vue. La représentation macroscopique est stable, la représentation microscopique aléatoire.

- La distinction entre point de vue et parcours est formelle, l’attribution de sens est en fait un parcours continu depuis la réalité informelle jusqu’à l’unité asymptotique du point de vue.

- Ce parcours n’inclut pas seulement ce qu’on nomme généralement les déterminations depuis l’objet jusqu’au point de vue, mais l’ensemble complet des liens qui co-fondent réalité et point de vue en une même situation. L’observation et l'observé sont une seule et même affection dans la substance.

L’exemple des LEGO nous montre aussi que dans un parcours de séparation, les diverses branches ne sont pas indépendantes. Certaines branches peuvent être incompatibles ou à l’inverse avoir des valeurs conjuguées, complémentaires. Dans le cas par exemple où des attributs ne sont pas totalement indépendants dans leur définition.

- Alexis peut s’attendre à ce que les formes soient distribuées de la même façon dans des paquets séparés par la couleur. Il y a donc une relation entre les pièces de différentes couleurs.

- Si Alexis sépare d’abord les formes arrondies des formes anguleuses, les distinctions qui suivront (rond vs ovale; rectangle vs carré vs triangle) ne seront plus équivalentes.

- Pourtant elles seront possiblement complémentaires, ainsi si toutes pièces sont soit arrondies soit anguleuses, alors les 5 attributs suivants seront distribués de telle sorte que leur total soit certain.

Indétermination sur le sens

Parmi les sens possibles, un sens et un seul doit advenir à chaque point de vue. Pour une réalité complexe, dans des conditions semblables, la répétition un grand nombre de fois de l’exercice révèlerait une distribution normale des possibilités de sens.

Il s’en suit que les points de vue pourraient être classés selon le sens.

Les parties que l’on pourra distinguer dans la réalité, étant elles mêmes complexes, verront leur possibilité de sens distribuée selon le même principe.

Pour un point de vue donné, la même réalité prendra existence en un sens parmi des possibilités multiples.

Or nous avons énoncé que la réalité du sens réside dans son efficacité à conjecturer les possibles résultats de prochaines expériences.

Si donc la même réalité a possiblement des sens multiples, de multiples conjectures sur une future expérience pourraient en être déduites, y compris si l’opérateur de conjectures était parfaitement déterministe.

Il ne ferait donc pas sens de tirer d’un point de vue une seule conjecture pour la future expérience dont pourtant un seul des sens possibles sera finalement représenté.

La seule conjecture efficace, c'est-à-dire qui fasse sens, est de reconstruire, à partir d’une expérience unique une distribution des sens possibles des futures expériences. La multiplicité des possibles sur la future expérience sera réduite par l’expérience elle-même, car un seul des sens possibles sera représenté par ce futur point de vue.

Fonction d'onde

Pour illustrer ceci, imaginons une première mesure X de position d’un corps sur sa trajectoire. Nous savons que cette position est le concept qui représente une réalité informelle, unique, immuable et que X résulte d’un sens que le hasard a choisi parmi une distribution de Xi possibles.

Nous disposons d’un concept de trajectoire T tel que T(X)=Y (T est supposé déterministe)

Bien qu’on puisse calculer T(X), nous savons que le résultat de la prochaine mesure Y sera un des Yi=T(Xi) possibles.

A défaut de connaitre la distribution Xi, nous allons recréer une distribution X’i dont X serait la valeur moyenne et nous pourrons conjecturer Y dans la distribution Y’i=T(X’i)

Nous venons de décrire un principe d’évolution qui remplace le calcul d’une trajectoire par celui d’une «fonction de possibilité » ou "fonction d’onde". On pourrait le qualifier de principe «quantique»

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Fonction d'onde

Fonction d'onde

Conclusion

  • Dans ce modèle la Réalité n’est pas multiple, elle est unique.
  • La Réalité « existe » néanmoins sous de multiples formes dans les divers points de vue.
  • La Réalité n’évolue pas selon des chemins multiples. Elle est immuable.
  • Le point de vue, l’expérience n’affecte pas la Réalité.
  • L’indétermination est celle des parcours qui ont pour origine le point de vue et le relient à la situation représentée.
  • Cette indétermination sur les parcours détermine une distribution de possibilités du sens (de forme).
  • Le point de vue instancie une seule de ces possibilités.
  • De cette expérience unique il faut déduire une distribution des sens (résultats) possibles d’une future expérience.
  • La future expérience instanciera une seule de ces possibilités.
  • L’association de multiples points de vue par co-fondation, réduit l’indétermination sur le sens.
  • Un point de vue complexe tend vers un sens certain.

A la question « Que se passe t’il en réalité entre l’expérience passée et l’expérience future ? »

La réponse doit être très claire : en réalité il ne se passe rien. Les expériences sont deux points de vue sur une même réalité informelle, ni soumise au temps ni à l’espace.

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