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pour une Ontologie du sens

6 mars 2016 7 06 /03 /mars /2016 19:39
L’Ontologie du Sens et l’Idéalisme Critique de Kant

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La littérature concernant l’Idéalisme Critique (ou Transcendantal) de Kant est profuse et le but de cet article n’est pas de revenir sur son explication ou son analyse.

Il m’a semblé par contre intéressant de fournir au lecteur plus ou moins familier avec la pensée de Kant, un moyen de saisir l’OdS par différences.

En proposant cette comparaison je prie le lecteur de m’excuser par avance des jugements anachroniques qu’elle pourrait induire.

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Bref résumé de l’Idéalisme Critique:

Kant opère une révolution métaphysique en inversant le rôle de l’objet et du sujet connaissant.
« Jusqu’ici on admettait que toute notre connaissance devait se régler sur les objets ; mais, dans cette hypothèse, tous les efforts tentés pour établir sur eux quelque jugement a priori par concepts, ce qui aurait accru notre connaissance, n’aboutissaient à rien. Que l’on essaie donc enfin de voir si nous ne serons pas plus heureux dans les problèmes de la métaphysique en supposant que les objets doivent se régler sur notre connaissance, ce qui s’accorde déjà mieux avec la possibilité désirée d’une connaissance a priori. »

Kant admet l‘existence d’une « chose en soi » c'est-à-dire une réalité indépendante de l’expérience que nous pouvons en avoir.

De cette réalité nous ne pouvons rien dire. La réalité « en soi » est indicible.

La seule réalité qui puisse faire l’objet de connaissance est phénoménale, c'est-à-dire telle qu’elle se présente à notre entendement après être passée à travers le filtre d’éléments a priori et après avoir été catégorisée et classée au moyen de concepts purs

« …l’expérience elle-même est un mode de connaissance qui exige le concours de l’entendement dont il me faut présupposer la règle en moi-même avant que les objets me soient donnés par conséquent a priori, et cette règle s’exprime en des concepts a priori sur lesquels tous les objets de l’expérience doivent nécessairement se régler et avec lesquels ils doivent s’accorder (…) nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes. »

Parmi les éléments a priori : l’espace et la substance

" Et ce n’est pas simplement dans les jugements, mais encore dans quelques concepts mêmes que se révèle une origine a priori. Enlevez peu à peu du concept expérimental que vous avez d’un corps tout ce qu’il a d’empirique : la couleur, la dureté ou la mollesse, la pesanteur, l’impénétrabilité, il reste cependant l’espace qu’occupait ce corps (maintenant totalement évanoui) et que vous ne pouvez pas faire disparaître Pareillement, si dans le concept empirique que vous avez d’un objet quel qu’il soit, corporel ou non corporel, vous laissez de côté toutes les propriétés que vous enseigne l’expérience, il en est une cependant que vous ne pouvez lui enlever, celle qui vous le fait penser comme substance ou comme inhérent à une substance (…). Il faut donc que, poussés par la nécessité avec laquelle un concept s’impose à vous, vous reconnaissiez qu’il a son siège a priori dans votre pouvoir de connaissance.

L’entendement pourra ensuite associer au phénomène les prédicats, constructions logiques qui en feront une « chose connue ».

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Comparaison de l’OdS à l’Idéalisme Critique :

La première nécessité sera de préciser les mots « existence » et « réel » dont l’usage est très différent.

Pour Kant l’existant est la « chose en soi », ce qui est, indépendamment de toute expérience.

Pour l’OdS l’existence est conforme à son étymologie latine « ex-sistere » qui signifie « être sorti d’autre chose ».
La réalité informelle existe par les effets Uns dans lesquels elle « prend forme ».
En termes du sens commun, les conséquences sont les modes d’existence de « ce qui est ».
« Ce qui est » a autant de modes d’existence qu’il a de représentations dans les points de vue desquels il est interdépendant.

Pour Kant, « réel » qualifie le phénomène. Le « réel » et le « réel perçu » signifient vraiment la même chose.
Etre réel résulte d’un accord entre la sensation et les catégories du réel.

Pour l’OdS la réalité (informelle) serait l’équivalent de la « chose en soi » Kantienne dont la seule propriété serait justement d’être réel, à l’exception de toute forme.

Pour autant, la réalité n’est ni l’essence ni la substance des ontologies pré kantiennes. Pour l’OdS comme pour Kant, la forme n’est pas « en puissance » dans la réalité. Elle nait du processus de représentation.
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Ces points étant fixés, par différence avec l’Idéalisme critique, l’OdS énonce les principes suivants :

  • La pensée est de la réalité.
    Monde logique et monde physique sont d’une seule et même nature. L’objet et le sujet sont de même nature.
    Le passage de la réalité « en soi » au phénomène puis à la connaissance puis à l’acte est un seul et même processus de projection du réel sur lui-même. L’Erscheinung n’a pas de limites précises.
    L’étude de ce processus suffit à l’OdS pour définir ce qui parvient à l’entendement et l’entendement lui-même.
    La révolution kantienne qui a inversé les rôles entre l’objet et le sujet connaissant, si elle a apporté un progrès épistémologique considérable, n’apporte pas de solution au problème ontologique puisqu’elle ne nous dit pas de quelle nature réelle est l’entendement.
  • Les êtres sémantiques premiers sont des solutions propres du processus logique de création du sens.
    Ces solutions propres sont possiblement transcendantes c'est-à-dire indépendantes de toute réalité; comme le sont possiblement les propriétés des êtres mathématiques. Les « formes a priori » et « concepts purs » kantiens sont des combinaisons de ces solutions propres.
    L’OdS tente d’expliciter ce que sont le moi qui pense et le sens en tant que processus logiques.
  • Espace et substance sont des constructions formelles (et non des formes a priori), des résultats contingents du processus d’attribution des formes. Leurs propriétés résultent des propriétés de ce processus.
    La forme a priori de l’espace décrite par Kant n’a d’ailleurs pas résisté à la théorie de la relativité.
  • Le processus de création de forme n’est pas « dans la pensée », la pensée est une partie de ce processus.
    Le moi qui pense est une forme, cette forme est le mode d’existence de l’être pensant, le cogito dans sa plus simple compréhension.
  • La relation d’interdépendance est un candidat acceptable au rôle d’élément ontologique premier.
    On note qu’une des raisons qui ont conduit Kant à affirmer l’existence de la « chose en soi » était l’irréductibilité de la relation causale à un concept.
    « il est absolument impossible d’apercevoir pourquoi, parce qu’une certaine chose existe, quelque chose d’autre devrait nécessairement exister aussi et comment le concept d’une pareille liaison pourrait se laisser introduire a priori. » Prolégomène à toute métaphysique future, préface
    C’est donc un grand étonnement qu’il n’ait pas voulu -considérer la relation causale elle-même comme la « chose en soi ».
    Leibnitz avait pourtant ouvert cette voie en montrant que l’essence de l’être était justement un système causal se refermant sur lui-même, un système qui serait « son propre bien ».
    En faisant de la relation d’interdépendance l’élément ontologique premier, le logique devient réalité et l’être devient un mode du logique.
    La science a montré depuis que l’irréversibilité de la relation causale, résulte d’une propriété statistique des chaos de relations d’interdépendance.
  • Il n’y a pas d’être.
    L’être n’a d’autre existence que ses conséquences et d’autre essence que ses causes.
    Les conséquences sont les modes d’existence de l’être, les formes qui apparaissent à un point de vue comme étant le sens du réel.
  • -Le réalisme ne nécessite pas qu’il y ait un « en soi » formel cause de la sensation.
    Les catégories qui permettent à la conscience de juger « réels » les phénomènes perçus sont des opérateurs d’extrapolation. Il suffit que les conjectures émises par ces opérateurs à partir des sensations, se réalisent pour qualifier de réelles les formes représentées.
    Pour cela le processus de représentation doit seulement fournir une représentation globalement continue.
    Or cette continuité d’ensemble est assurée statistiquement du fait que le processus combine une quantité extraordinaire d’interdépendances élémentaires dont l’essentiel est commun aux représentations successives.
    Ainsi pour l’OdS, le réalisme n’est pas le constat d’une qualité de l’existant en soi mais d’une propriété statistique du processus d’attribution de sens.
    L’OdS préférera d’ailleurs le terme de « vérité » d’une représentation à celui de « réalité »

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