En 2008, le Docteur JD Haynes [1] et une équipe de chercheurs ont effectué une expérience simple dans son principe:
Un patient devait choisir entre appuyer sur un bouton de la main droite ou de la main gauche. Il indiquait l'instant où il prenait conscience de sa décision.
Le fonctionnement de son cerveau était pendant ce temps observé au moyen d'un système d'imagerie .
Les résultats de cette expérience furent stupéfiants !
Les signes physiques du choix fait par le patient pouvaient être identifiés dans son cerveau jusqu'à 10 secondes avant qu'il ait conscience de faire le choix.
Certains commentateurs en conclurent que l'homme n'était pas aussi libre qu'il le croyait puisque son corps semblait avoir pris la décision avant sa conscience.
Ma conclusion est toute autre :
Cette expérience montre que la conscience de l'instant (ou l'instant de la conscience voir l'article) est un artefact.
La conscience de l'instant est un "objet de pensée", un être sémantique. C'est du sens et le sens, en tant que réalité, n'est pas un objet matériel ni même l'état physique d'un objet.
La conscience, qui construit en même temps sa propre représentation et celle de l'univers qu'elle perçoit, crée la représentation de l'instant de conscience et lui associe celle de l'instant d'univers dans un présent sans durée.
Mais rien de ceci n'est simultané en réalité !
Nous le savons bien pour l'univers car nous avons mesuré la vitesse de la lumière.
Mais comme nous ignorons encore ce qu'est le sens (en tant que réalité de l'univers) et comment il se construit, et comme le "moi-maintenant" est la base même de notre propre représentation nous nous refusons à admettre que ce "moi-maintenant" a en réalité une "épaisseur temporelle"
Selon l'expérience du Docteur Haynes, cette "épaisseur temporelle" du moi serait d'au moins 10 secondes.
Peut-être beaucoup plus.
Ou peut-être sommes-nous devant une remise en cause plus importante encore de la relation entre la conscience et le monde physique.
Bernstein Center for Computational Neuroscience, Haus 6, Philippstrasse 13, 10115 Berlin, Germany.
Nature Neuroscience paru le 13 avril 2008.