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pub-penseur vertBLOGL'UNIVERS N'A PAS LA FORME

pour une Ontologie du sens

26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 11:15
De la nature réelle du sens

Cogito and so what ?

« Je pense donc je suis », mais à la question « que suis-je ? » nous ne savons répondre avec certitude que : « de la pensée »

Comme Descartes dans sa deuxième méditation métaphysique il nous faut constater que notre pensée ne nous donne accès à aucune autre certitude que sa propre vérité.

Sommes-nous une chose qui pense ? Nous sommes incapables d’attribuer la moindre qualité certaine à cette chose si ce n’est la pensée elle même.

J’ajouterai à cela que le simple énoncé « je suis » n’a de vérité qu’en pensée car très vraisemblablement cette chose Une que ma pensée nomme « moi » n’a aucune autre contrepartie « en réalité » qu’une signification. Avons-nous d’ailleurs jamais prouvé l’existence en réalité (et non en signification) de chose Une ?

Il se peut aussi que ce que nous nommons « être » ne soit qu’une représentation de l’esprit car le fait d’être suppose non seulement un sujet « je suis » mais aussi un temps dont nous ne connaissons pas la nature.

Dans le sens précis que lui donne Descartes, « être » signifie non seulement « être dans le temps » mais aussi « devenir » car  il n’est pas de pensée statique, la pensée est par essence « devenir ».

Hors nous ne savons pas dire si notre pensée est contenue dans le temps (un temps dans la réalité de l’Univers, continuum dans lequel devient la pensée) ou bien si la pensée contient le temps (un temps Représentation propre que la pensée impose à la Représentation de l’Univers).

La question de Saint-Augustin « le temps ne serait-il autre chose qu’une extension de l’âme ? » est toujours ouverte.

Ainsi le cogito doit être reformulé : « Je pense donc la pensée existe et en  pensée au moins existe la chose Une qui est l’idée du moi »  

Pour autant, et avec Descartes, nous dirons qu’être « en pensée » ce n’est pas rien.

Nous sommes au moins « la vérité de notre pensée ».

En d’autres termes nous dirons: qu’importe la réalité (s’il en est une) de ce que je suis, la pensée est en soi une réalité et la Représentation que j’en ai a « en soi » et par définition une vérité qui a valeur dans ma pensée.

Ma pensée c’est moi (en tout ou en partie) et la Représentation que j’ai de moi qui pense est « vraie » dans ma pensée.

Le Cogito a donc la pleine valeur de preuve expérimentale de mon existence « en pensée ». Et cette preuve est la seule preuve directe, car nul n’accède à aucune preuve expérimentale si ce n’est finalement par la pensée.

Ce que Descartes n’a hélas pas clairement énoncé est que le cogito est la preuve expérimentale de l’existence de la pensée comme réalité ontologique. Le sens (la pensée) est la seule réalité ontologique dont nous ayons la preuve directe.

On comprend bien les raisons théologiques pour lesquelles Descartes n’a pu s’avancer sur ce terrain. Que ce soit sincèrement ou contraint par son siècle, Descartes a choisi l’option inverse, faisant du Cogito la preuve de la séparation de l’âme et du corps et de l’intervention divine.

Tout l’univers ne serait-il qu’une illusion, l’illusion même est une réalité. L’illusion est de la pensée, la pensée est donc de la réalité. Et la pensée c’est du sens.

Je ne sais pas si tout ce qui m’entoure est illusion ou réalité, mais j’ai la preuve que le sens lui même est de la réalité.

Ainsi la Représentation que j’ai de moi, objet physique et de ce qui n’est pas moi et que je nomme Univers et de mon existence dans cet Univers est vraie dans ma pensée, même si elle n’a aucune autre réalité.

Je peux donc dire : « Moi qui me représente comme existant dans l’univers » suis une réalité au moins en tant que Représentation.

Cet univers, dans lequel ce moi évolue et pense est l’Univers des Représentations. L’Univers des Représentations est inclus dans ma pensée.

Pour tenter de construire plus avant une vision du monde, il me faut faire le postulat qu’il y a une réalité qui n’est pas ma pensée (que nous nommerons la « Réalité ») et qui interagit avec ma pensée. En d’autres termes, que ma pensée n’est pas toute la réalité. La représentation que j’ai de la réalité n’est pas toute la réalité. La Réalité n’est pas seulement une illusion.

Ce postulat est indémontrable. Pour autant nous construirons notre discussion sur ce postulat. C’est un risque. Il doit être pris. Il semble raisonnable.

Ce postulat qu’il y a une Réalité qui n’est pas ma pensée ne préjuge en rien de la forme de cette Réalité ni même de ce que la réalité ait une forme.

La forme est de la Représentation, de la pensée. Nous ignorons si en deçà de la forme représentée il existe une forme en Réalité.

Nous ne savons pas au juste à quelle réalité correspondent matière, énergie, temps et espace.

De la pensée comme réalité

La pensée est-elle d’une nature différente de la « Réalité » ?

La question ne peut pas être de savoir si la pensée est de même nature que la représentation qu’elle se fait de la réalité. C’est une évidence. Cet univers formel, celui des objets en devenir et de l’énergie, celui du temps et de l’espace est une représentation, c'est-à-dire un objet de pensée.

La question ne peut pas être de savoir si la pensée est de nature matérielle ou énergétique puisque matière et énergie sont elles aussi des formes attribuées par la pensée à la Réalité.

Cette question est la question métaphysique du péché originel: Le péché de connaissance. La conviction que notre pensée est autre chose que de la simple réalité. Que nous sommes plus que de la simple réalité ? Nous sommes-nous autoproclamés Homo Sapiens Sapiens parce que nous savons que nous savons ou bien parce que nous croyons que nous savons ?

Sommes-nous, du fait de notre pensée et de notre capacité à attribuer du sens à l’univers réellement sortis du jardin de la Création ? Connaissons-nous la Réalité de l’extérieur par notre pensée ?

Ou bien le sens (et donc notre pensée) est-il un simple objet de nature ?

Pour évaluer cette question, utilisons une liberté que Descartes n’avait sans doute pas. Abandonnons les convictions religieuses ou spirituelles faisant intervenir a priori le Divin dans la nature même de la pensée.

L’évidence de la « Réalité » de la pensée apparait dès que l’on veut délimiter les frontières entre pensée et réalité :

♦ Puisque nous postulons que pensée et Réalité interagissent, comment pourraient-elles interagir si elles étaient de nature différente ? De quelle nature est le médium de cette interaction ? Quand et par quelle entremise le stimulus crée-t-il le sens ? Quand et par quelle entremise la pensée crée-t-elle l’acte ?

♦ Où est la frontière entre la représentation d’une situation dangereuse, le sentiment de peur, le reflexe, le système hormonal …à quel moment pourrait-on dire ceci est de la pensée, ceci est de la Réalité

♦ La science nous montre une chaîne continue de transformations du minéral à l’organique, au vivant, à la pensée. Dans cette chaîne, la science nous montre que l’existence du moi (et du nous) puis la conscience du moi (et du nous) sont loin d’être réservés à notre espèce. Dans ce contexte, la réaction d’un être monocellulaire à une agression fait-elle intervenir une forme de sens ou est-ce de la pure réalité ? Devons-nous considérer le « nous » d’une ruche comme du sens ou de la réalité ? Qu’en est-il du « nous » d’une éponge ? Lorsqu’un animal utilise un outil, fait-il intervenir du sens ?

♦ A partir de quel moment dans l’évolution le soin attentif du parent pour ses petits devient-il du sens ? La « volonté » de vivre est elle réservée à l’homme, les autres espèces vivent elles sans le vouloir ?

♦ Nous sommes  6 milliards d’êtres humains, il serait vain de feindre que ma pensée soit la seule pensée. Dans ce cas qu’est-ce que la pensée des autres ? De la réalité ou de la pensée ?

♦ Le sens déposé dans un livre, une œuvre picturale, une partition ou les mémoires d’un ordinateur est-il d’une autre nature que la réalité du support ? Est-ce autre chose que de la réalité ?

 Un regard raisonné sur la place de l’homme dans le réel nous impose de conclure que l’homme (et le sens) et ne sont rien d’autre que de la Réalité. Nous ne sommes pas sortis du jardin de la Création. Notre seule faute est de le croire.

Contrairement à Aristote pour qui notre raison observait la réalité comme une ombre projetée sur la paroi d’une grotte, nous devons considérer notre esprit, je veux dire notre raison comme un constituant même de cette Réalité. Notre raison n’observe pas l’ombre sur la paroi de la grotte, elle est cette ombre.

Consolons-nous de cela, l’histoire de la connaissance n’est-elle pas une succession de reculs de l’anthropocentrisme ?

 

Les 3 univers de la représentation.

Essayons d’approfondir un des aspects de la relation entre la conscience et l’univers qu’elle observe.

Le but est de nous détacher de la vision naturelle mais simpliste que sous-tend notre culture pour aller vers une vision plus raisonnable et plus conforme aux connaissances actuelles de la science.

Dans ce but et uniquement pour soutenir le raisonnement  nous distinguerons 3 «Univers»:

L’univers d’avant la représentation, qu’on pourrait appeler «univers réel» ou «univers transcendant» en ce sens qu’il ne dépend en rien de l’existence d’une conscience qui l’observe.

L’Univers de la représentation, c'est-à-dire d’après l’observation. C’est l’univers tel que nous le voyons et sur lequel nous construisons nos expériences. Il est représentation de l’univers transcendant  mais n’existe que dans nos consciences.

L’Univers des idées ou des modèles. C’est au sens propre une idéalisation de l’univers des représentations. Cet univers est constitué d’éléments signifiants qui ne sont pas nécessairement des objets ni des actions. On peut y trouver des concepts tels que «danger immédiat» ou «mouvement rapide convergent»

Dans la vision simpliste que véhicule notre culture l’univers transcendant est soumis à la forme et la représentation est une recopie de la forme transcendante sur l’écran de notre conscience. Ainsi lorsque notre conscience représente un arbre, cet arbre existe bel et bien sous cette forme dans l’univers transcendant. Certes la représentation est imparfaite mais elle est «conforme» à la réalité.

Sur la base de cette représentation notre culture va éditer une collection d’idées de plus en plus générales qui permettront à leur tour de comprendre et définir des lois de comportement (l’idée d’arbre, de tronc, de feuille etc…).

A mon sens rien n’est plus illusoire et déraisonnable que cette vision.

Dans le cas qui nous intéresse la notion de représentation «conforme» est simplement sans fondement: d’une part parce qu’à aucun moment les signaux qui véhiculent le sens n’ont la forme de l’univers représenté et ensuite parce que la seule raison d’être de la conscience n’est pas d’être conforme mais d’être efficace.

Nous préférerons donc une vision dans laquelle l’univers transcendant n’est pas soumis à la forme.

Dans cette réalité informelle existent des ensembles corrélés qui sont appelés attracteurs de sens.

Au travers des structures causales du processus de représentation ces attracteurs de sens vont déterminer l’instanciation d’éléments sémantiques préétablis que l’on nomme Idées, ces instanciations vont s’agréger en ensembles de plus en plus complexes et structurés qui constituent la Représentation.

Lorsqu’une représentation s’avère efficace, les idées qui la constituent sont engrammées, soit par programmation «logicielle» du cerveau, soit par modification «matérielle» des organes qui supportent le processus, soit encore par réajustement de certains équilibres métaboliques.

Dans cette conception du processus de représentation, la représentation reste liée d’une façon robuste et reproductible à la «Vérité» des liens de causalité de l’univers transcendant.

 

Néanmoins l’Essence (au sens de Leibnitz de «raison d’être») de la représentation n’est en rien la conformité mais l’efficacité ou pour être plus « Leibnizien» encore: l’Essence de la représentation est la survie de l’être vivant qui la véhicule.

Les voyageurs

Imaginons des milliers de voyageurs errant dans le désert. Deux d’entre eux se rencontrent, ajustent leurs montres puis chacun repart vers sa solitude.
Posons nous la question : "En quoi la situation d'après la rencontre est-elle différente d'avant la rencontre ? "
Si j'analyse la situation de chacun des voyageurs pris isolément je ne vois rien qui soit différent de sa situation précédente : sa montre donne une certaine heure mais il m'est impossible de constater que cette heure est la même que pour l'autre voyageur.
Devons-nous conclure que la situation d'après la rencontre n'est pas différente ?
Se peut-il que l’univers n’ait rien gagné à cette rencontre ?
Pourtant nous savons bien intuitivement que l'univers d'après a quelque chose de plus que celui d'avant.
Mais quel est ce « quelque chose en plus » ?
Ce « quelque chose en plus » est la corrélation

Sa substance est un tout petit supplément d'organisation, un petit resserrement statistique dans la répartition des erreurs entre quelques milliers de montres.

Sa vérité n’est pas potentielle mais réelle.

Par contre l’être, où la forme comme on voudra de ce « quelque chose en plus », restera potentiel dans notre univers des objets tant que cette anomalie statistique n’aura pas produit d’effet c'est-à-dire tant que les chaînes de causalités partant du statut présent de nos deux voyageurs ne se seront pas croisées à nouveau pour qu’un événement identifiable révèle cette corrélation.

Il n’est pas d’avantage possible de donner un lieu présent à ce « quelque chose en plus » Il n'est localisé ni sur l'un ni sur l'autre des voyageurs.  

Par contre il est possible de décrire ce « quelque chose en plus »  sous forme de potentialité d’être.

Il faut pour cela analyser dans un cadre d’espace temps  les faisceaux de causalités partant du statut  des deux voyageurs et dresser la carte des probabilités que « quelque chose se produise » comme conséquence indirecte du synchronisme des deux montres. On pourra dire qu’en ces points de l’espace temps la corrélation prend forme dans ce  « quelque chose qui se produit ». Elle devient un être en acte et non plus en puissance.

A défaut donc de pouvoir décrire en quoi l’univers des « objets en devenir dans l’espace » est rendu différent par cette rencontre, je peux constater en quoi l’univers « champ de causalités dans l’espace-temps» est modifié.

On dira que cette rencontre induit dans son futur une probabilité d’Etre que l’on pourrait formaliser par une fonction dans l'espace des liens de corrélation.

Cet exemple nous amène à une révision fondamentale de notre vision métaphysique:  « La réalité du monde n’est pas entièrement incluse dans sa matière et son énergie. »

Il nous faut admettre que la corrélation entre l’état des objets matériels n’est pas un attribut (une caractéristique) de ces objets, mais un Etre à part entière, une réalité supplémentaire non matérielle et non locale.

Il ne s’agit pas seulement de distinguer la forme corpusculaire ou ondulatoire de la matière: deux photons corrélés, quelle que soit la forme que l’on considère, c’est plus de réalité, plus de substance que deux photons non corrélés.

La substance (ou l’essence) de cet Etre n’est pas la matière de l’objet, ni même la grandeur physique corrélée c’est la corrélation en tant que telle.

Cette substance non matérielle interagit avec la substance matérielle : non seulement c’est la rencontre de nos deux marcheurs dans le monde matériel qui a créé cette corrélation mais cette corrélation pourra « passer à l’acte » dans le monde matériel.

Il nous faut admettre que la description de l’univers par les objets qui l’occupent  ne rend compte que de façon très incomplète de sa réalité.

Contrairement à ce que supposait Laplace, son dragon ayant connaissance de l'état de chacune des particules de l’univers aurait été impuissant à en connaître la réalité et en prévoir le futur car il lui aurait manqué la corrélation qui n’est dans aucune particule mais entre toutes.

 

La nature réelle du sens

Nous, êtres pensants, sommes des « réalités » de l’univers. De même pour notre pensée. La pensée, la conscience, l’idée, le sens sont « dans l’univers », sont « de l’univers ».

Mais quelle est donc la nature de la pensée et plus concrètement la nature du sens (de la signification) en tant que réalité physique ?

Si nous voulons un jour créer des machines douées d’intelligence, non pas de l’intelligence que nous y aurons implantée mais d’une intelligence propre, il faudra bien que ces machines donnent sens à leur environnement et à leurs actes.

Il faudra bien que des choses du monde physique créent du sens. En d’autres termes il faudra que l’état d’objets physiques crée un état sémantique et inversement.

Est-ce impossible ? Ne sommes nous pas, nous qui donnons du sens, des êtres de nature ? Quelle impossibilité théorique y aurait-il à ce que d’autres êtres de nature, fussent-ils des machines donnent du sens ?

La neurobiologie partage cette question du sens : Lorsque nous aurons tout compris de l’activité cérébrale il nous restera à comprendre comment celle ci se constitue en pensée consciente et prend sens. Comment le statut de milliards de connexions se constitue dans notre esprit en unités sémantiques sans durée apparente ?

L’exemple le plus probant de cette unité sémantique est l’idée du Moi :

Comment des milliards d’informations forment-elles un tout ayant une signification unique, comment sont elles assemblées (rassemblées) dans l’image instantanée du moi ou du tout ? Cela semble défier les lois de la physique.

Comment expliquer que l’état physique, chimique, électrique de millions de neurones répartis dans le cerveau est associé à une image signifiante d’une Unité dans l’instant.

Je me représente Un et dans l’instant et pourtant je sais que fonctionnellement rien ne supporte ce Un dans l’instant.

Il nous faut comprendre ce qu’est le sens, non pas en tant qu’affect de la pensée mais en tant que réalité.

Notre pensée n’observe pas la réalité de l’extérieur mais de l’intérieur.

Pour autant il n’est pas prouvé que le sens soit matériel, bien au contraire. Le sens est une réalité du monde mais ce n’est pas nécessairement un objet. Qu’est-ce donc ?

Pour répondre à cette question je propose de réviser notre métaphysique au sens Aristotélicien du terme « quelle réalité étudie la physique ? »

Dans notre métaphysique usuelle, celle de notre vie quotidienne qui sous-tend plus ou moins à notre insu toutes nos pensées, seules « existent certainement » la matière et l’énergie. Le temps et l’espace « existent plus ou moins », je veux dire que la question n’est pas réellement tranchée de savoir s’ils existent en tant que tels.

Par contre selon notre métaphysique usuelle, l’ordre, le désordre, le changement, la cause, le sens « n’existent pas » en réalité et ne sont considérés que comme des attributs ou des affects de ce qui existe.

Hors l’exemple des voyageurs nous montre qu’il n’est pas possible de décrire tout l’univers par le statut de ses composants matériels et que la corrélation doit être considérée comme de la «substance » de l’univers.

Pour comprendre la nature de la pensée il nous faut simplement transposer l’exemple des voyageurs à l’enchevêtrement et l’interaction des neurones dans un cerveau.

Les états des neurones (ou des synapses) sont corrélés par les échanges chimiques ou électriques.

Cette corrélation est un supplément d’Etre: 100 000 neurones corrélés c’est plus d’Etre que 100 000 neurones non corrélés.

Ce supplément d’Etre est réel mais il n’est pas matériel. Sa réalité n’est pas observable dans l’état des synapses pris individuellement en tant qu’objets matériels, elle ne peut l’être que globalement, en tant qu’être « statistique » dans le champ des causalités que représentent les flux permanents d’interactions entre neurones.

Le supplément d’Etre n’est pas local. Il ne peut pas être localisé dans les neurones, sa réalité est entre les neurones, je veux dire elle est d’ordre global et non local.

La corrélation entre les neurones n’est pas seulement un attribut des neurones en tant qu’objets matériels mais un Etre à part entière: c’est la substance même de la pensée.

Cette substance n’est ni matérielle ni même attachée à des objets matériels.

A tel point qu’elle est indépendante dans son essence de la nature du processus physico-chimique qui la supporte ou qui supporte localement un de ces éléments. Ainsi un élément de pensée pourra trouver sa réalité dans la corrélation entre des états chimiques, physiques, électriques, mécaniques etc.

Dans la vision « informatique », chaque digit d’information est porté par l’état d’un objet (en l’occurrence d’une synapse ou d’un neurone) et le sens en est préétabli par un câblage ou une programmation qui prédéterminent les conséquences de ces états matériels.

Pour comprendre comment le cerveau crée le sens il faut dépasser cette vision.

L’élément de sens ne doit plus être attaché à l’état individuel d’une synapse mais à une corrélation entre un nombre de synapses.

En tant que corrélation la réalité de la pensée transcende la distinction entre systèmes nerveux, lymphatiques, sanguin etc.

De même le sens transcende la distinction entre ma pensée et son objet : entre moi qui observe et ce que j’observe. Le sens dans sa réalité, transcende l’individu et intègre l’aspect culturel du sens : la réalité d’une corrélation entre individus.

Il faut insister sur le fait que, bien que d’essence non matérielle, un attracteur dans un chaos causal n’est pas un simple être mathématique uniquement destiné à caractériser les objets ou les événements mais un élément du réel à part entière.

Pour illustrer ceci par un exemple: l’opinion d’une population n’est pas un attribut de la pensée d’individus, c’est un élément du réel qui peut par elle-même changer le monde physique et non un simple objet mathématique.

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